Marqueur des paysages de l’Occitanie depuis vingt-six siècles, la viticulture fait vivre 126 000 personnes et apporte 3,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’économie régionale. Étendu sur plus de 270 000 hectares, le vignoble régional revendique la première place mondiale des vins sous signes de qualité, ainsi que la première place des régions françaises pour les vins bio et les exportations. Face aux défis des évolutions du climat et de la consommation, la Région encourage et accompagne les adaptations nécessaires, grâce au contrat de filière vitivinicole 2024-2026 doté de 5 millions d’euros. En juillet, l’Acte I a fixé le socle. Approuvé le 19 décembre, l’Acte II livre la charpente du contrat, élaboré avec tous les professionnels de la filière. 15 nouvelles mesures s’inscrivent dans quatre axes de travail : la sécurisation de l’accès à l’eau, l’adaptation des modes de production face à l’urgence climatique, la reconquête des marchés et le pilotage du contrat.
Quatre axes pour préparer l’avenir
Premier axe de l’Acte II, l’enjeu de l’eau touche fortement les vignobles, notamment ceux des Pyrénées-Orientales et de l’Est audois. La vigne consomme peu d’eau, mais a besoin d’un minimum de pluies ou d’irrigation pour croître et produire. L’objectif est de sécuriser l’accès à l’eau, en améliorant les techniques de stockage et d’irrigation, en valorisant les pratiques culturales économes… La réutilisation des eaux usées et pluviales est également une solution innovante, testée avec succès en Occitanie.
Le contrat de filière s’attache aussi à donner aux viticulteurs les moyens de mieux produire, à travers la création de plateformes sur les pratiques innovantes de la viticulture durable et sur les filières locales d’approvisionnement en matière organique. La « smart agriculture » sera encouragée en outillant les coopératives et viticulteurs de solutions d’aides à la décision. D’autres mesures feront la promotion des métiers de la vigne et du vin, faciliteront la transmission des exploitations, et l’installation de nouveaux viticulteurs. Le troisième axe mise sur l’analyse fine, approfondie et partagée des marchés des vins et des spiritueux, afin d’orienter les efforts vers les cibles les plus porteuses et identifier des pistes de diversification.
Enfin, pour animer et enrichir le contrat de filière, l’Acte II valide la création d’un consortium piloté par la Chambre régionale d’agriculture Occitanie [1]. Il mobilisera notamment tous les acteurs et valorisera les travaux et leurs résultats.
Des « territoires viticoles pilotes »
Dès l’Acte I du contrat de filière mi-juillet, la Région a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour accompagner des territoires pilotes, laboratoires de la mutation de la filière. Trois premiers projets ont déjà été retenus, pour une aide régionale globale de près de 120 000 euros. Ils sont pilotés par l’Union Interprofessionnelle des Vins de Cahors, qui vise un vignoble plus résistant et mieux structuré, et par le Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac, qui travaille sur la diversification du modèle économique. La Chambre d’Agriculture de l’Aude pilote le projet collectif REVA (Résilience de l’Est Viticole Audois) qui abordera le foncier, les friches, l’économie, l’accès à l’eau et l’adaptation des pratiques au changement climatique et à l’environnement. En 2019, la Région avait accompagné une démarche similaire pilotée par le Syndicat des Vignerons de la Côte Vermeille, dans les Pyrénées-Orientales.