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Caravanes, chapiteau, troupe de comédiens bigarrée et fantasque… Les Ogres, film sorti en 2016, c’est l’histoire d’une compagnie de théâtre itinérant, qui sillonne la France, pour produire son spectacle de ville en ville. Un milieu d’attachants saltimbanques que la cinéaste toulousaine Léa Fehner connaît par cœur : elle a elle-même grandi dans ce milieu. « Dans les années 90, mes parents se sont embarqués dans cette aventure », glisse-t-elle.
Le titre Les Ogres est ainsi une allusion à cette boulimie de kilomètres avalés et de spectacle vivant sans cesse renouvelé. Tout n’est pas rose dans ce quotidien : mélange entre vies professionnelle et amoureuse, galères d’argent, frustrations ressenties face à d’autres qui réussissent mieux… Dans le film, l’arrivée imminente d’un bébé et le retour d’une ancienne amante viennent raviver des blessures enfouies. Chose non prévue au départ, Léa Fehner a fait jouer ses parents et sa sœur, aux côtés des têtes d’affiche Adèle Haenel et Marc Barbé. « Lors des improvisations, le noyau familial s’est livré avec une intensité qui m’a enthousiasmée. Petit à petit, il m’est apparu comme une évidence qu’il fallait que j’accepte de jouer avec le feu », c’est-à-dire de les inclure au tournage.
Port-la-Nouvelle en scène
Le film est principalement tourné à Port-la-Nouvelle, sur le littoral audois, ville connue pour son port de commerce. « C’est une station balnéaire avec un côté industriel. Typiquement l’endroit où une troupe itinérante peut être amenée à tourner, ni trop urbain, ni déserté. Tout peut apparaître dans le plan, ce qui est appréciable d’un point de vue cinématographique. » Les figurants ont été trouvés sans peine. « Les habitants et les touristes se sont bien prêtés au jeu », sourit la cinéaste.
LA bonne raison pour voir ou revoir Les Ogres ? « C’est un film solaire, portant sur la vie d’un collectif qui tente l’utopie de vivre ensemble, pour proposer son art loin des centres urbains. Il y a de la joie de vivre, mais aussi un côté chaotique, une forme de brutalité du vivre-ensemble, où s’entremêlent le travail, la famille et l’amour. On perd parfois des plumes à tout mélanger ! J’adore Les Ogres. Il se dégage une tension », explique Annick Reipert, scripte. « On y perçoit les possibilités qui émanent d’un groupe. Le film aborde des choses que l’on voit peu au cinéma : le collectif, l’utopie… Il porte une dimension à la fois poétique et politique. »
La station a également accueilli le tournage du court-métrage Cet autre hiver (2020), de la réalisatrice Margo Brière-Bordier avec Adèle Exarchopoulos.
Secrets de tournage
Léa Fehner est friande d’une anecdote au sujet des courses de voitures, qui ont eu lieu sur les routes de La Palme, « il y a des paysages semblables à des décors de western, au milieu des marais, avec un côté sauvage et indompté… Les courses se faisaient à 40 km/h, pour des raisons de sécurité, ce qui était à la fois ridicule et burlesque. Mais à l’écran, cela fait bien illusion ! » Des comédiens de théâtre ont été sollicités. « Ils n’étaient pas habitués aux contraintes de raccords de dialogues et de déplacements entre les différents plans », explique Annick Reipert. « Mais les comédiens ont très vite intégré cette donnée spécifique au cinéma. »
Particularité du film, « il a fallu composer des scènes avec 10 ou 12 personnages. Pour faire exister tout le monde à l’écran, même les seconds rôles, nous avons joué sur les contrechamps, les plans silencieux… Montrer ceux qui écoutent ne veut pas dire qu’il ne se passe rien, au contraire ! » Pour créer une vraie complicité, les comédiens ont vécu dans des caravanes pendant une semaine avant le début du tournage. De nombreuses répétitions de scènes se sont alors tenues, « ce qui est rare. Les improvisations étaient très libres, et nous notions certaines idées qui ne figuraient pas dans la trame initiale ».
Occitanie Films dans les coulisses
Le film, produit par Bus Films (Philippe Liégeois) [1], a été soutenu par la Région Occitanie. « Occitanie Films a, en amont, trouvé le lieu pour dresser un chapiteau en front de mer, et proposé des techniciens. Puis, Occitanie Films a accompagné le film lors de sa sortie, en organisant des projections, des expositions de photos prises sur le plateau et le tournage, et en éditant un fascicule et des cartes postales pour la promotion. Je suis toujours en relation avec eux, ils ont soutenu mon dernier film, Sages-femmes. »
L’Occitanie, terre d’accueil de l’industrie cinématographique
« Être la première région européenne audiovisuelle et la première destination en France pour les productions internationales », c’est l’ambition exprimée par Carole Delga, présidente de la Région Occitanie. Aides aux sociétés de production, soutien à la formation et aux salles de cinéma, accompagnement à l’écriture… Chaque année, la Région investit plus de 4,7 millions d’euros dans le secteur du cinéma et de l’audiovisuel. L’Occitanie compte 100 sociétés de production sur son territoire.