Depuis la plage, elles sembleront minuscules. Mais les futures éoliennes en mer qui vont être installées en Méditerranée s’élèveront en réalité à plusieurs dizaines (voire centaines !) de mètres au-dessus des flots. Avec une fonction bien précise : tirer profit du formidable gisement de vent pour produire une électricité propre, en grande quantité, en phase avec la Stratégie Région à énergie POSitive (REPOS).
Deux fermes pilotes en Occitanie
Soutenues dès 2015 par Carole Delga, présidente de la Région, et Didier Codorniou, président du Parlement de la Mer et vice-président de la Région délégué à la Méditerranée, les deux fermes pilotes ont été confiées à des consortiums : Eolmed au large de Gruissan et EFGL (Éoliennes flottantes du Golfe du Lion), au large de Leucate. La ferme pilote EFGL couvrira les besoins annuels en électricité de plus de 50 000 habitants du littoral, soit l’équivalent de la ville de Narbonne. On parle d’éolienne en mer flottante : chaque unité sera posée sur d’immenses flotteurs, plus grands pour le projet EFGL (95 mètres sur 80 m) que sur celui d’Eolmed (43 m sur 43). « Le Parlement de la Mer a permis de faire mieux connaître la technologie de l’éolien flottant, et de dégager un consensus sur les zones finalement choisies, rappelle Didier Codorniou. Il faut rappeler qu’en 2014-2015, cette technologie était très peu connue, et suscitait de nombreuses interrogations. »
Retour en 2022. Le port de Port-La Nouvelle, propriété de la Région, est aujourd’hui en cours d’agrandissement (234 millions d’euros investis) pour amorcer avec succès cette nouvelle filière industrielle régionale. Il va falloir en effet assembler les éléments des éoliennes, puis les déployer en mer, les installer, les exploiter et assurer leur maintenance. Avec une ambition économique forte, celle de « faire de Port-La Nouvelle le hub de l’éolien en mer en Méditerranée », affirme Carole Delga. En clair, l’économie bleue du 21e siècle va prendre corps sous nos yeux !
Une opportunité écologique et économique
Lors du débat public portant, l’an dernier (12 juillet-31 octobre), sur les parcs commerciaux d’éoliennes en mer flottantes sur le plateau continental du Golfe du Lion et leur raccordement, la Région a rappelé son engagement pour ce projet. « Il va contribuer à lutter contre le changement climatique tout en développant des emplois ».
Outre le fait que les éoliennes en mer vont produire en grande quantité une énergie propre et renouvelable, une nouvelle filière industrielle va naître en Occitanie. Des centaines d’emplois se profilent, sur des métiers d’avenir : ingénierie, assemblage des turbines et des mâts, construction des flotteurs, remorquage en mer des ensembles éolienne-flotteur sur les sites d’exploitation, entretien et maintenance. « Nous avons ici les meilleurs bureaux d’études environnementaux, des entreprises spécialisées dans l’exploitation et la maintenance de parcs éoliens terrestres, des acteurs logistiques…, explique Christophe Manas, conseiller régional et président de la commission Méditerranée à la Région. Schlumberger, Donecle, Novawell en sont des exemples. Des académiques et laboratoires se mobilisent aussi. » Boostées par les deux fermes pilotes dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales, les pépites régionales « voient dans l’éolien en mer une opportunité de diversification », assure l’élu. C’est le cas de l’industrie aéronautique, qui pourra offrir un riche champ de compétences : usinage, logistique, process industriel, inspections, modélisations, matériaux, monitoring… Pour jouer groupés, une filière régionale se structure, à travers Wind’Occ, qui regroupe à ce jour 170 entreprises, académiques et laboratoires régionaux.