Résidences d’artistes : quand l’art contemporain tisse des liens

Explorer, dialoguer, échanger… Telle est la toile de fond des résidences d’artistes. En s’inspirant tour à tour du quotidien des habitants ou du patrimoine d’un territoire, l’artiste instaure une proximité, facilitant l’accès de chacun à l’art contemporain. En 2022, la Région a soutenu 105 résidences d’artistes dans toute l’Occitanie, dont 80% en milieu rural.

Quand l’art se mêle au terroir

Les résidences nourrissent l’inspiration des artistes en leur offrant un changement de décor. Et en la matière, l’environnement rural est idéal. La « résidence artistique en milieu agricole » lancée par la Maison des Arts Georges & Claude Pompidou et la coopérative agricole Fermes de Figeac [1]) permet ainsi à un artiste d’être hébergé durant trois mois dans plusieurs exploitations agricoles du Ségala lotois.

En 2022, l’artiste Nicolas Tubéry a exploré ce territoire afin de rencontrer celles et ceux qui le font vivre et a imaginé une série d’œuvres, fruit de leurs échanges. « L’objectif de cette résidence est de créer une vraie porosité avec le territoire et ses acteurs. Parce que c’est là que ça devient très riche, quand on peut s’ouvrir à travers des projets artistiques à d’autres pratiques », explique Thomas Delamarre, directeur de la Maison des Arts. Pour les agriculteurs, parfois en mal de reconnaissance, ce projet a été l’occasion de porter un autre regard sur eux et leur travail. « En devenant l’objet d’une exposition, ça leur a montré que leur travail était digne d’intérêt ».

L’art pour tous, tous pour l’art !

Pas toujours facile pour le grand public de pousser la porte des lieux dédiés à l’art. En amenant l’art « ailleurs », au plus près des habitants et en les incluant dans la démarche de création, les résidences d’artistes effacent les frontières. Au lycée Marc Bloch de Sérignan (Hérault), l’artiste Aurélie Piau a profité de sa résidence d’un mois pour concevoir les pièces de l’exposition « Mouiller le maillot » en échangeant avec les élèves et professeurs (à voir à l’annexe du Mrac). Et les lycéens, très investis, assurent certaines visites pour les groupes scolaires.

La proximité entre l’art et les habitants est poussée à l’extrême dans le village de Fiac (Tarn). Chaque année, 10 artistes résident au domicile de 10 villageois. « Nous avions une profonde envie d’infuser la culture dans des espaces qui ne sont pas dédiés à l’art » témoigne Felix Morel, le directeur de l’AFIAC [2]. Lors d’un festival de trois jours, les maisons des hôtes se transforment ensuite en lieux d’exposition atypiques. « Tout le monde est alors sur un pied d’égalité. Le rapport à l’art et les échanges sont simplifiés puisqu’il suffit de franchir le seuil des maisons. » Chaque année, entre 1 500 et 2 000 visiteurs viennent voir ces œuvres, souvent inspirées des histoires personnelles des familles.

Au cœur des savoir-faire

Les résidences d’artistes créent des synergies et valorisent un patrimoine. À Graulhet, capitale reconnue dans le monde entier pour son savoir-faire dans l’industrie du cuir, des artistes collaborent avec les entreprises de la filière, via la résidence « L’art de la rencontre » (proposée par la Ville de Graulhet et le centre d’art Le Lait). « Pour les entreprises, c’est l’opportunité de décaler le regard et de valoriser leur savoir-faire grâce à la vision d’un artiste. C’est aussi une expérience enrichissante pour les salariés car ils vont produire les œuvres avec l’artiste » nous précise Antoine Marchand, directeur du centre d’art Le Lait. Cette année, l’artiste Lucie Laflorentie travaillera à la Maison des Métiers du Cuir durant les mois de mai et juin. Le public sera convié à échanger avec elle afin de comprendre sa démarche. «  Pour le grand public, ce projet est une formidable porte d’entrée vers l’art contemporain. »