Les brèves

La décarbonation au concret  : l’enjeu historique de la neutralité carbone pour l’économie et les entreprises d’Occitanie

La décarbonation de l’économie est un des leviers des stratégies d’adaptation au changement climatique et de nécessaire souveraineté. En Occitanie, les projets structurants, les innovations technologiques et les initiatives des entreprises se multiplient dans le sens de la sobriété et de la neutralité carbone.

En Occitanie l’élévation des températures actuellement observée depuis l’ère préindustrielle est de +1,8 °C contre +1,5 °C au niveau national. La région est donc particulièrement concernée par les questions d’adaptation au changement climatique. Et ce d’autant que la récente Trajectoire de réchauffement de référence pour s’adapter au changement climatique (TRACC) élaborée par Météo-France envisage un réchauffement de +2,7 °C à l’horizon 2050 en France hexagonale. Effets négatifs garantis sur les milieux naturels et la biodiversité ainsi que sur tous les secteurs d’activités : bâtiment, gestion de l’eau, agriculture, production d’énergie, industrie, tourisme, sécurité et santé des personnes.

L’énergie, dossier numéro 1

Définie par le ministère de l’économie et des finances comme l’ensemble des mesures et des techniques permettant de réduire les émissions de dioxyde de carbone, la décarbonation est un terme entré dans le dictionnaire Larousse en 2012. Depuis, le mot s’est popularisé sans pour autant que la consommation de combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel) ait baissé. L’Agence internationale de l’énergie qui prévoit un pic d’émissions des fossiles en 2030 a noté, au début de la COP29 en Azerbaïdjan, que les États améliorent trop lentement leur efficacité énergétique.
De son côté, l’Occitanie ambitionne de devenir la première région d’Europe à énergie positive d’ici 2050. Un enjeu majeur, le développement des énergies locales favorisant l’autonomie énergétique et donc la souveraineté. La Région pousse un mix composé d’éolien, photovoltaïque, hydrogène vert, géomasse, biomasse et d’énergie nucléaire avec l’installation de réacteurs nucléaires nouvelle génération à Marcoule (Gard) et Golfech (Tarn-et-Garonne) ainsi que de réacteurs optimisés au Tricastin dans la Drôme dont le bassin d’emploi inclut le Gard.
La Région mise fortement sur les énergies renouvelables en transformant Port-la-Nouvelle en hub de la transition énergétique. La filière économique de l’éolien en mer flottant se structure en Occitanie, notamment avec la création de la démarche collective Wind’Occ. Les entreprises qui se positionnent sur les énergies du futur sont nombreuses : SolarinBlue, WhyLot (fabrication de moteurs électriques à haut rendement), Water Horizon (solutions de production de froid renouvelable par récupération de chaleur fatale) ou encore l’entreprise Sélection ENR qui travaille avec la plateforme de recherche Primes sur un projet de recherche sur l’optimisation numérique vise à déterminer les incitations financières pour une meilleure utilisation des énergies renouvelables locales dans le cadre d’un marché local de l’énergie pour les entreprises, les hôpitaux, les écoles, les piscines ou les supermarchés.

Hydrogène vert et gigafactory

L’hydrogène décarboné est aussi un enjeu de la transition énergétique. Un pôle de recherche et d’innovation dédié a été créé. Le pôle Rhyo, porté par l’Université de Toulouse, est destiné à renforcer les recherches sur l’hydrogène et à améliorer les liens avec l’écosystème industriel et économique. À Toulouse le pôle hydrogène se construit autour du Technocampus hydrogène de Toulouse-Francazal. En Occitanie Est, Genvia qui développe une innovation de rupture issue du CEA Grenoble, lancera en 2026 la construction d’une gigafactory, une usine d’électrolyseurs à haute température qui sera implantée à Béziers. Avant cela, Genvia va tester sa technologie en 2025 sur le site d’Arcelor Mittal de Saint-Chély-d’Apcher en Lozère.

Choose Occitanie

Autre bonne nouvelle pour l’Occitanie, l’implantation de Skeleton Technologies. L’entreprise estonienne, leadeuse européenne du stockage d’énergie à haute puissance pour les réseaux électriques, les transports, l’automobile et les applications industrielles, a choisi Toulouse pour développer ses activités. Le groupe prévoit d’investir 600 millions d’euros en 5 ans dans la R&D et la fabrication de sa batterie haute puissance appelée “SuperBattery”. L’annonce a été faite lors du sommet « Choose France » en mai 2024.

Des datacenters autonomes alimentés par le renouvelable ?

Selon l’Ademe – opérateur du plan d’investissement France 2030 -, 10,38 % de l’électricité consommée en France, l’est par les services numériques. L’impact environnemental du numérique est donc en forte croissance et la recherche se mobilise pour la sobriété numérique. À Toulouse, l’Institut de Recherche en Informatique de Toulouse (IRIT) dirigé par l’enseignant-chercheur en sciences informatiques Jean-Marc Pierson travaille pour la création de datacenters autoalimentés par des sources d’énergie renouvelable. Après 10 ans de recherche, le projet Datazero constitue désormais un consortium pour des datacenters alimentés uniquement par des énergies renouvelables, comme le solaire ou l’éolien, avec des moyens de stockage. Dans la phase d’exploitation, l’idée est d’optimiser la production d’énergie pour répondre d’un côté à la demande électrique des ressources informatiques et de l’autre d’ajuster le flux de services informatiques en fonction de la production d’énergie.

Quelles nouvelles compétences pour la décarbonation ?

Le chemin vers la neutralité carbone en 2050 va aller de pair avec la création de nouveaux métiers et la reconversion de nombreuses personnes car tous les métiers seront concernés. Le Réseau Emplois Compétences (REC) et France Stratégie travaillent sur l’anticipation des besoins en compétences, la formation initiale et continue, l’orientation des personnes et l’accompagnement des entreprises. La mobilisation se fait aussi au niveau des territoires. WindOcc a par exemple mis en ligne récemment un annuaire des métiers de l’éolien. Une illustration de ce que tous les secteurs vont être amenés à réaliser pour une décarbonation réussie. Un gage aussi de souveraineté énergétique et géopolitique.

Je-decarbone pour la transformation de l’industrie

La rencontre Je-decarbone aura lieu le mercredi 4 décembre 2024 à l’Hôtel de Région Occitanie à Toulouse. L’objectif de l’événement est d’aider les industriels à être plus résilients tout en valorisant l’offre française de décarbonation, d’économies d’énergie et de matières premières. En parallèle à cette journée, « Je-decarbone » est une plateforme-ressource en ligne pour décarboner l’industrie. Elle comprend un référencement des solutions de décarbonation et d’économie d’énergie, des mises en relation avec des partenaires pertinents, des fiches et schémas méthodologiques ainsi que des webinaires mensuels et des retours d’expérience d’industriels.