Député à l’Assemblée nationale, Jean Jaurès était bien plus qu’un élu. Toute sa vie, il s’est battu pour la paix, la justice sociale et une école qui incarne les valeurs de la République. Aujourd’hui encore, ses idées et ses combats résonnent dans une société en quête de repères, confrontée aux dérèglements climatiques et aux drames géopolitiques.
À l’occasion du centenaire de son entrée au Panthéon, la Région honore la mémoire de cet homme d’Occitanie, défenseur des droits humains et des libertés, dans le cadre de son cycle mémoriel baptisé « Occitanie, Terre de Résistance » [1].
Que reste-t-il des idées de Jaurès aujourd’hui ?
La fondation Jean Jaurès a réalisé une enquête inédite sur la connaissance et la mémoire de Jaurès dans la population française. Encore bien présent dans les préoccupations des citoyens, la transmission de ses luttes et ses idées diffère selon les âges, professions, ou sympathies politiques. On peut retenir que bien qu’identifié comme un élu politique de gauche par une majorité des sondés, Jaurès est moins connu chez les 18-24 ans et dans l’électorat dit « populaire ». Et si les différences de générations sont fortes, le niveau de diplôme a également une importance sur les résultats. Les répondants sont aussi largement favorables à une place plus importante de Jaurès dans les programmes scolaires. À noter enfin, la défense des travailleurs et des ouvriers, et sa lutte pour les libertés et la République arrivent en tête des grands combats cités, sa vision pacifiste en quatrième position.
Jaurès, le courage de ses convictions
Dates-clés
3 septembre 1859
Naissance à Castres (Tarn)
1881-1883
Enseigne au lycée Lapérouse, Albi
1885
Est élu député du Tarn
1890
Devient conseiller à la mairie de Toulouse et journaliste à la Dépêche
1892
Soutient la grève des mineurs de Carmaux
1898
Prend la défense du capitaine Dreyfus
1902
Œuvre à la fondation du Parti Socialiste
1903
Prononce son Discours à la Jeunesse
1904
Fonde le journal l’Humanité
1905
Participe à la rédaction de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat
1908
Prend position contre la peine de mort
1913
Fait campagne contre la loi des trois ans de service militaire
31 juillet 1914
Assassinat de Jaurès
La lutte pour la justice sociale
La lutte contre les inégalités et la solidarité sont les fondements de l’action de Jean Jaurès. Dès le début de son implication politique, il apporte son soutien aux ouvriers de Decazeville (Aveyron) pour dénoncer leurs conditions de travail. L’homme politique s’illustre également dans la défense des mineurs de Carmaux (Tarn) en 1892, et se mobilise pour les vignerons à Maraussan (Hérault). Lors de sa visite à la première cave coopérative viticole de France en 1905, il salue le regroupement des viticulteurs qui mutualisent les moyens de production pour améliorer leurs gains.
Pour Jaurès, l’Etat doit être le garant de la justice sociale. Il milite pour une meilleure répartition des richesses, donner aux travailleurs le droit de se syndiquer, et croit en une société qui protège les plus vulnérables (personnes en difficulté, personnes âgées…). Pour Jean Jaurès, il n’y avait « pas de progrès pour l’humain sans progrès social. »
L’école, pilier de la République
L’instruction publique et laïque a une place de choix dans l’esprit de Jaurès. Lui-même enseignant au début de sa carrière, le leader socialiste prête attention aux conditions de travail des institutrices et instituteurs, ainsi qu’aux programmes scolaires. L’élu tarnais considère également la laïcité comme un élément indissociable de l’éducation. L’école doit permettre aux jeunes de s’affranchir de toute tutelle religieuse afin de les aider à devenir des citoyens éclairés. Une pensée qui nous ramène à l’actualité de notre époque, marquée par les assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard.
Et si l’école était pour Jaurès un levier pour s’émanciper, elle était aussi le lieu de l’engagement. Dans son discours à la jeunesse d’Albi en 1903, il encourage les lycéens à s’investir dans la vie politique. Il voit en la jeunesse l’espoir d’une société plus juste et plus humaniste, et les exhorte à construire un avenir meilleur. Et de conclure ce célèbre discours par : « Le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel. »
La paix avant tout
Jean Jaurès lutte tout au long de sa vie pour préserver la paix . Dès 1896, il prend la défense des Arméniens et dénonce devant le Parlement l’inaction de la France dans les massacres dont ils sont victimes. L’homme politique effectue ensuite de nombreux déplacements diplomatiques à l’international pour maintenir la paix. Jean Jaurès paie de sa vie cet engagement, assassiné par Raoul Villain, un militant nationaliste. À l’heure des montées populistes et des conflits mondiaux, son combat pour la paix et la démocratie n’est toujours pas gagné.
La lutte contre l’intolérance et l’antisémitisme fait également partie des grandes batailles de Jaurès. Son soutien au capitaine Dreyfus devant les députés en est l’exemple le plus marquant. Mais sa défense de l’officier juif va au-delà d’une lutte contre l’injustice. Jaurès considère l’antisémitisme comme une idée contraire aux principes républicains, qui divise les citoyens. La célèbre citation qui lui est attribuée « il n’y a qu’une seule race, l’humanité » - inscrite sur le fronton de l’hôtel de Région de Toulouse - illustre bien cette pensée humaniste et universaliste.