Didier Codorniou, Président du Parlement de la Mer, accompagné par Robert Crauste, Maire du Grau-du-Roi et Président du Syndicat Mixte de la Camargue Gardoise et de la Communauté de Communes Terre de Camargue ont ouvert cette rencontre, réunissant plus de 60 personnes : élus, collectivités et usagers de la mer autour des enjeux de la sécurisation en eau sur le littoral d’Occitanie.
« Port Camargue en tant que plus grand port de plaisance d’Europe œuvre au quotidien pour réduire la consommation d’eau. La station peut accueillir jusqu’à 160 000 personnes en saison estival, il était donc important d’être ici aujourd’hui pour partager et trouver des solutions à cet enjeu majeur » Robert Crauste.
« Heureux d’être au Grau du Roi, ville où a été signé le Plan Littoral 21, en présence de l’ancien 1er ministre Manuel Valls et heureux d’être avec vous pour ce 3ème RDV du Parlement de la Mer, rendez-vous pour « savoir et comprendre » que j’ai souhaité développer dans le cadre de l’acte III du Parlement. Après le poids de l’économie bleue à Portiragnes en mars, les zones de mouillage à Collioure en juin, nous nous retrouvons aujourd’hui sur le thème de l’eau. Après plus de 18 mois de sécheresse, un déficit structurel de 200 millions de m3 en année normale, il était important de traiter de ce sujet et de discuter ensemble des innovations existantes et de présenter des exemples inspirants. Sur mon territoire, nous avons commencé il y a 8 ans maintenant à travailler sur la réutilisation des eaux usées traitées de la station de Gruissan pour irriguer la vigne. Des solutions existent, il est important aujourd’hui de les faire connaître et de trouver les nouveaux modèles économiques pour les déployer » Didier Codorniou.
L’impact du changement climatique sur l’hydrologie en Méditerranée et en Occitanie ont été présenté afin d’avoir en tête l’accélération du phénomène et les projections à venir.
Avec son Plan Régional Eau et son Réseau Hydraulique Régional, la Région Occitanie œuvre pour mieux gérer la ressource et sécuriser les territoires, notamment littoraux.
Les interventions de Eric Servat, Directeur du centre international UNESCO sur l’eau (ICIREWARD), Régis Ingouf, Responsable de Service « Eau Milieux Aquatiques et Risques » à la Région et Jean-François Blanchet, Directeur général de BRL ont permis de retenir les éléments clés suivants :
- Des sécheresses plus fréquentes et intenses en Méditerranée, des phénomènes de pluies extrêmes ; un 6ème rapport du GIEC plus alarmiste que les précédents avec meilleure connaissance des impacts observés et attendus,
- 1,6 Milliards de m3 d’eau prélevés annuellement en Occitanie (42% pour l’agriculture, 38% pour l’eau potable et 20% pour l’industrie),
- 1 déficit structurel annuel de 200 millions de m3, le réchauffement climatique qui s’accélère, 40 000 nouveaux habitants/an en Occitanie mais des opportunités à renforcer : milieux aquatiques variés et présents, un réseau hydraulique structurant, de nombreux acteurs de la gestion de la ressource, des usages de l’eau à optimiser…,
- 1 million de personnes sécurisées en été avec le service public régional de l’eau et son mix de ressources (fleuve Rhône, Hérault, Orb, Lauragais, canal du midi) ; Au-delà de l’eau potable, véritable mix d’usages sur le littoral : irrigation agricole, espaces verts, process industriels et milieux naturels.
Au-delà de ces actions de connaissance, de suivi et de gestion d’infrastructures hydraulique, le retour d’expérience d’Olivier Archimbeau – Directeur « Eau, Assainissement » à la Communauté d’Agglomération Hérault Méditerranée sur l’irrigation du Golfe du Cap d’Agde à partir de l’eau usée traitée de la station d’épuration a montré que ce type de solution était complexe d’un point de vue réglementaire et que l’équilibre économique était délicat à trouver car 1 Million de m3 d’eau économisées en 5 ans sur l’eau potable c’est aussi autant de recettes en moins issues de la vente de l’eau.
Le RDV s’est poursuivi par une table ronde « quelles innovations et évolutions réglementaires pour sécuriser la ressource en eau sur notre littoral » réunissant des acteurs économiques (Port de plaisance : Jean-Romain Brunet – Directeur du port de Port-Camargue et Hôtellerie de plein air : Daniel Coumelongue), un élu local avec Robert Crauste, Maire du Grau-du-Roi et un expert « Eaux Géosciences Risques » de l’Agence Ad’Occ, Jean-Michel Clerc.
Ce temps d’échanges a permis de voir que des innovations existent et que l’ensemble des acteurs économiques travaillent pour optimiser la ressource en montrer l’exemple. En effet, l’innovation la plus efficace pour gérer la ressource, c’est l’eau que nous économisons ou plus encore celle que nous n’utilisons pas.
« Notre région possède un fort potentiel d’innovation avec l’ensemble des acteurs travaillant sur le domaine de l’eau. Sensibiliser, anticiper, mesurer, visualiser, réduire les prélèvements, substituer : de nombreuses solutions existent pour réduire les prélèvements et optimiser l’utilisation de l’eau. Exemple : Le life « Wat’Savereuse ». cf. présentation » - Jean-Michel Clerc
« Nous avons un devoir d’exemplarité. Le port de Port-Camargue a fait des choix forts en matière de gestion (qualité et quantité) de la ressource en eau : utiliser de l’eau brute pour le carénage des bateaux, rénover les blocs sanitaires pour renforcer l’idée d’un seul point d’eau commun, collecte des eaux usées sur le chenal sud avec des bateaux directement raccordés à l’assainissement, l’équipement du port en bornes intelligentes pour une meilleure gestion des fluides : eau et électricité… » - Jean-Romain Brunet.
« L’hôtellerie de plein air a évolué avec l’essor des mobil-homes et les consommations d’eau aussi. La responsabilisation des clients ne marche pas forcément, il faut donc prévoir des équipements qui réduisent la consommation : douches, robinets… Pour l’arrosage des espaces verts ou le remplissage des piscines, des moyens existent également pour réduire la consommation. Cependant, il y a parfois des aberrations réglementaires obligeant par exemple à vider les piscines 2 fois/an et à utiliser de l’eau potable circulant en continue dans les pédiluves » - Daniel Coumelongue.
« Les problématiques de ressource en eau, ne doivent pas remettre en cause la capacité d’accueil du littoral d’Occitanie. Nous ne sommes pas en situation de « sur tourisme ». Il faut accompagner l’évolution dans le bon sens en sensibilisant les usagers et en faisant des économies d’eau : ex. suppression de douches de plage depuis 4 ans - adhésion citoyenne après un court temps de mécontentement » - Robert Crauste.
Didier Codorniou, Robert Crauste et Jean-François Blanchet ont clôturé cet événement en remerciant l’ensemble des participants pour leur présence mais également pour la volonté affichée de s’engager collectivement dans cette préservation des écosystèmes marins.
« Remerciements aux intervenants pour la qualité de leurs présentations et à l’équipe d’avoir organisé ce RDV. Au-delà de la problématique de manque de ressource, le changement climatique accentue également les phénomènes de tempêtes et d’inondation. La culture du risque et notre capacité d’adaptation, d’anticipation passe par une meilleure connaissance des phénomènes » – Didier Codorniou.
« C’est toujours un plaisir de recevoir l’équipe du Parlement de la Mer, et tous ceux venus échanger sur les problèmes liés à l’eau. Il est important de rappeler effectivement la notion de risque de notre territoire traversé par le Vistre, le Vidourle et le Rhône » – Robert Crauste.
« Il faut remercier les visionnaires comme Georges Frêche qui ont œuvré avec Aqua-Domitia à sécuriser la ressource en eau sur les territoires littoraux mais aussi les « humbles » qui travaillent au quotidien et font en sorte que la chaine de l’eau ne soit pas rompue » – Jean-François Blanchet.