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Une édition haute en noirceur ? Pas si sûr ! Alors que les Nuits des étoiles fêteront leur 30e anniversaire cette année, du 6 au 8 août 2021, les postes d’observation d’où admirer la voute céleste dans de bonnes conditions se raréfient. La faute à la pollution lumineuse [1] Mais, en s’intensifiant au fil des ans, elle ne fait pas seulement disparaître du spectacle nocturne des étoiles et des nébuleuses. Elle a aussi, et c’est moins connu, un impact négatif sur la faune et la flore qui souffrent ainsi de l’éclairage artificiel.
Un bouleversement à l’échelle de l’évolution
Si ce phénomène est récent, il n’en constitue pas moins un bouleversement à l’échelle de l’évolution, représentant désormais la deuxième cause d’extinction des insectes, après les pesticides. Il désoriente également les oiseaux migrateurs, tandis que les batraciens et amphibiens nocturnes ne parviennent plus à distinguer leurs proies, les prédateurs et leurs congénères…
Mais, outre de participer à la fragilisation d’espèces, la lumière artificielle, notamment le suréclairage public, en rend d’autres dépendantes. À l’image d’espèces de chauves-souris qui exploitent préférentiellement les abords de zones éclairées où elles se retrouvent, en prime, exposées à d’autres facteurs de mortalité.
Les plantes sont tout autant affectées. En déréglant leur horloge physiologique, la pollution lumineuse peut déclencher une floraison prématurée, au moment où les insectes pollinisateurs sont absents. Ce qui enclenche un effet de chaîne, puisqu’en étant impactée, la végétation peut modifier les ressources ou l’habitat d’un animal… Ce que confirme l’ONU dans une série d’études. « L’un des impacts de l’activité humaine sur l’environnement les moins fréquemment signalés est la présence de lumière artificielle. L’éclairage perturbe la photosynthèse et les activités des insectes, des oiseaux et d’autres animaux », écrit-elle.
Deux réserves de ciel étoilé
L’Occitanie – fait remarquable – abrite deux des trois réserves internationales de ciel étoilé de France : le Pic du Midi et le Parc national des Cévennes. Le premier a été labellisé par l’Association internationale Dark Sky en 2013, le second en 2018, devenant ainsi la plus grande réserve de ciel étoilé d’Europe ! S’ajoute à ces deux réserves le Triangle noir du Quercy (Lot). L’Occitanie, la tête dans les étoiles.
L’Occitanie, première Région à s’engager
Pour toutes ces raisons, la Région Occitanie, en partenariat avec la Dreal [2] Occitanie et l’Agence régionale de la Biodiversité (ARB), a décidé d’en prendre la mesure et d’identifier dans le même temps la « trame noire » de son territoire, c’est-à-dire l’ensemble des réseaux écologiques propices à la biodiversité nocturne.
Un comité partenarial a ainsi été constitué avec des parcs naturels régionaux et des villes, telles que Montpellier. En outre, la Région Occitanie a recouru aux services de deux bureaux d’études : DarskyLab et La Telescop, dont les savoir-faire et les outils ont été mis en œuvre pour dresser la cartographie.
Engagé en septembre 2020, ce travail est désormais bouclé. Ses résultats ont été présentés aux principaux acteurs du territoire le 4 octobre dernier et seront mis à disposition des collectivités de la région, via OpenIG, la plate-forme régionale d’information géographique, afin qu’elles puissent, sur la base des données qui les concernent, mettre en place les mesures pour lutter contre leur propre pollution lumineuse.
« L’Occitanie est la toute première Région à s’engager dans une telle démarche », souligne Sébastien Vauclair, le fondateur de DarkSkyLab.
Les enjeux sont en effet majeurs en Occitanie, une région d’une très grande richesse en matière de biodiversité. Y sont notamment présentes 144 espèces relevant de la Directive Oiseaux, 71 espèces de la Directive Habitats-Faune-Flore et une centaine d’habitats écologiques d’intérêt communautaire.
« La préservation de ce patrimoine naturel nous incombe pleinement », estime ainsi Carole Delga, la Présidente de Région.
Sensibiliser les territoires
La cartographie réalisée à l’initiative de la Région Occitanie vise à sensibiliser les territoires. Un second volet du travail entrepris sera enclenché avec l’ARB, en vue de faire de la pédagogie et venir en accompagnement des territoires qui souhaitent lutter contre la pollution lumineuse et préserver la portion de trame noire qui les concerne.
« Nous y associerons les partenaires et associations qui agissent pour la préservation de la biodiversité, mais aussi tous ceux qui sont en charge de l’énergie ou de l’éclairage public pour sensibiliser les communes », détaille Pierre Bieuzen, chargé de projet ingénierie/accompagnement des acteurs à l’ARB, qui ajoute : « Agir sur l’éclairage, c’est aussi combattre le dérèglement climatique . » L’ensemble de la démarche doit être présentée, en principe, début octobre, quelques jours avant la tenue partout en France de la nouvelle édition du Jour de la Nuit, destinée à combattre la pollution lumineuse. Un coup de projecteur au bon moment !
Les Nuits des étoiles 2021
Organisées par l’Association Française d’Astronomie, les Nuits des étoiles permettra, comme chaque année, d’admirer la Voie lactée, les étoiles filantes et les constellations du triangle d’été : la Lyre, le Cygne et l’Aigle. De nombreuses manifestations sont prévue en Occitanie, notamment à La Cité de l’Espace.
En savoir plus
- La démarche d’identification de la « trame noire » en Occitanie s’inscrit dans le prolongement de la Stratégie régionale pour la biodiversité, feuille de route de la Région Occitanie, et du Schéma régional de cohérence écologique.
- Les deux bureaux d’études mobilisés par la Région Occitanie pour identifier la « trame noire » régionale : La Telescop et DarskyLab.