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Ce sont des images que l’on a plutôt l’habitude de voir sur les lagons de Bora-bora : des bungalows sur pilotis où, les pieds au-dessus de l’eau, les touristes se prélassent devant un coucher de soleil. Et pourtant, l’expérience n’est pas à vivre à l’autre bout de la terre en Polynésie, mais bien au bord de la Méditerranée : à Gruissan, ce port immortalisé par le film « 37,2° le matin », de Jean-Jacques Beinnex. Ces nouveaux hébergements flottants en bois s’appellent officiellement des « lodgeBoats » car ils sont homologués comme des bateaux. 34 sont désormais amarrés dans l’Aude, formant un village de vacances inédit.
L’avenir des ports de plaisance
Il aura fallu plus de dix ans – et beaucoup de persévérance – pour qu’ils sortent des eaux… Plusieurs études sur l’avenir de la plaisance, dont une en Occitanie, ont montré la nécessité des ports de plaisance de se réinventer (vieillissement des propriétaires de bateaux, renouvellement difficile, nouvelles attentes, etc.). « Devions-nous encore augmenter le nombre de places ou penser autre chose et autrement ? Nous avons fait le second choix », explique Jean-Claude Méric, directeur général de l’office de tourisme de Gruissan, gestionnaire du Port de plaisance. « Nous savions aussi que nos studios cabines manquaient d’originalité. Nous avons cherché une plus-value et nous avons trouvé l’idée de ces hébergements insolites au Danemark. »
97% de taux d’occupation
C’est ainsi que depuis le 1er juin 2021, Gruissan est la première ville de France à expérimenter un nouveau modèle de tourisme durable et d’utilisation des plans d’eau des ports de plaisance avec des « cabines bateaux ». En un an, le succès est immédiat et dépasse toutes les attentes : le taux d’occupation est de 97% (même 100% en juillet-août) et le taux de satisfaction est de 4,8 sur 5. Les prestations hôtelières apportées à la clientèle sont aussi un « vrai plus » : pack balnéoludique, location de trottinettes ou véhicules électriques, petit-déjeuner servi, livraison de plateau de fruits de mer ou de grillades… « C’est l’occasion de valoriser les acteurs du territoire, en circuit court. Nous souhaitons développer ce système de conciergerie sur l’ensemble de la station », annonce le directeur de l’office de tourisme.
Tourisme durable
Ces habitats hybrides répondent également à une autre attente : la lutte contre le réchauffement climatique, puisque ces structures sont amovibles, ne consomment pas de foncier, aucun rejet d’eaux usées dans le port et peuvent évoluer face à la montée des eaux. Cette expérimentation, qui ne répond pour l’heure à aucune règlementation, devra d’ailleurs fait l’objet de la création d’un régime spécifique d’ici fin 2022. A ce titre, ce projet, qui répond à plusieurs orientations du Plan Littoral 21 est largement soutenu par la Région [1]. Cinquante ans après sa création, la dernière-née des cinq stations de la mission Racine (impulsée par le Général De Gaulle) ouvre ainsi une nouvelle page de son histoire.
Plan Littoral 21, la nouvelle impulsion
50 ans après la mission Racine - qui a façonné les 200 kilomètres du littoral Occitanie -, l’État, la Région Occitanie et la Banque des territoires ont engagé dès 2017 un programme d’investissement d’envergure pour accélérer la transformation du littoral vers un nouveau modèle de développement. Le 22 janvier 2022, un second volet du Plan littoral 21 (pour la période 2021-2027) a été lancé : 550 projets seront soutenus (dont les « lodgeBoats » de Gruissan) pour plus d’un milliard d’investissement ! Quatre enjeux sont fixés : l’attractivité touristique des communes littorales, la mutation d’une partie des résidences secondaires, le développement d’une activité « 4 saisons » et une meilleure intégration des risques climatiques et environnementaux.