Les brèves

Toulouse au centre des nouveaux enjeux du spatial

Première région spatiale européenne, l’Occitanie développe une industrie porteuse d’emplois et d’attractivité. Elle concentre les nouveaux défis du spatial et organisera un salon d’envergure internationale à partir de 2026.

Crédits : CNES ill SATTLER Oliver 2022

L’annonce a été faite le 10 septembre 2024 lors de l’événement Space Forum organisé à la Cité de l’Espace à Toulouse. À partir de 2026, l’Occitanie organisera un salon international, en alternance avec le Bourget, Salon international de l’aéronautique et de l’espace.
Ce nouvel événement professionnel rassemblera tous les acteurs de la filière et donnera une visibilité majeure à la région, cheffe de fil européenne du spatial.
« L’Occitanie est reconnue mondialement pour son expertise et son temps d’avance dans le secteur du spatial, a rappelé Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, précisant « la concentration française du secteur spatial avec 15 000 salariés et un tiers des effectifs européens ».
Le Space Forum a aussi été l’occasion pour la Région d’une nouvelle convention de partenariat signée avec Phillipe Baptiste, PDG du Centre National d’Études Spatiales (CNES) pour la période 2024-2027. L’objectif pour la Région est d’accompagner la mutation du spatial, de faciliter l’accès à de nouveaux marchés et de répondre à la révolution commerciale, technologique et stratégique en cours. Déjà en novembre 2023, la Région avait adopté une feuille de route dotée d’une enveloppe de 30 millions d’euros sur la période 2023-2027. Cette stratégie comprend 24 actions, articulées autour de quatre axes : compétitivité, innovation responsable, formation et communication.

Le NewSpace change la donne

En une dizaine d’années le NewSpace a profondément modifié la filière.
Marqué par la multiplication d’initiatives privées, la diversification des usages du spatial, la baisse des coûts, l’accès aux données spatiales et la miniaturisation des composants, le NewSpace a permis la densification en Occitanie d’un puissant écosystème spatial.
Construit historiquement autour des grandes têtes d’affiche que sont Thales Alenia Space, le CNES ou Airbus Defence and Space ainsi que d’un solide tissu de PME, le spatial toulousain brille aussi désormais grâce de nouvelles jeunes et ambitieuses entreprises : Kinéis, Aldoria Terranis, Vortex I/O, Walt’R, Meoss ou Look Up Space par exemple. Signe de l’attractivité régionale, des startups issues du monde entier ont choisi de s’installer en Occitanie : Astroscale (Japon) Dawn Aerospace (Nouvelle-Zélande), Tekever (Portugal), Aiko (Italie), Loft Orbital (Etats-Unis), Pangea Aerospace (Espagne), Connektica (Canada), Endurosat (Bulgarie).

Un écosystème puissant

Si aujourd’hui le newspace prospère à Toulouse c’est parce que les initiatives technologiques et entrepreneuriales peuvent aussi s’appuyer sur un écosystème solide, composé de laboratoires de recherche (Onera, Cerfacs, IRT Saint Exupéry, etc), d’acteurs d’accompagnement à l’innovation (Connect by Cnes, Esa, Space Founders ou encore Tech the Moon le premier incubateur de startups dédié à l’économie lunaire), de groupements professionnels (Club Galaxie, Aerospace Valley, Gifas…) ainsi que d’écoles d’ingénierie et d’universités scientifiques (INP Enseeiht, Insa, Isae Supaero, Enac, Centre Spatial Universitaire de Montpellier, Centre Spatial Universitaire de Toulouse, Fondation Van Allen, Chaire Sirius en management et droit spatial…).
La présence de tous ces acteurs à Toulouse a contribué à la création et au développement d’entreprises comme Comat, Syntony ou Hemeria puis plus récemment de jeunes entreprises innovantes et connues mondialement comme Kinéis. Après sa création au sein de CLS et une levée de fonds de 100 millions d’euros, Kinéis déploie depuis juin 2024 une constellation IoT (internet des objets) de 25 nanosatellites destinés notamment à prendre le relai du système Argos.

L’avenir est à la surveillance de l’espace

À mesure que les usages s’amplifient et que les progrès des technologies spatiales offrent de nouvelles possibilités, l’espace est par ailleurs devenu un domaine à surveiller et un enjeu crucial en cas de conflit. La guerre en Ukraine a joué un rôle de détonateur et a entraîné une prise de conscience en début 2023, l’Otan a estimé que « l’espace va devenir un théâtre d’opération comme un autre ». On comprend dans ce contexte l’importance de l’installation à Toulouse du Centre d’excellence spatial de l’OTAN en 2023 et du Commandement de l’Espace en 2020.

Pollution spatiale et création de nouvelles entreprises

La multiplication des lancements de constellations n’est pas sans effet secondaire avec un risque croissant de pollution spatiale. L’agence spatiale européenne (Esa) estime à 36 000 le nombre de débris de plus de 10 centimètres et un million de plus d’un centimètre qui orbitent autour de la Terre à 28 000 km/h.
Dépolluer l’espace et minimiser le risque de nouvelles productions de débris devient un objectif en soi et génère la création de nouvelles entreprises.
Astroscale a ainsi choisi Toulouse pour son centre de nettoyage de satellites.
L’implantation européenne de l’entreprise japonaise est destinée à des installations d’assemblage, d’intégration et de test pour les satellites. Ceux-ci seront envoyés dans l’espace pour nettoyer les orbites et capturer les débris spatiaux.
À noter parmi les autres initiatives, celle de la startup industrielle Look Up Space qui a levé 14 millions d’euros en 2023. Elle mettra en service, début 2025, en Lozère, son premier radar destiné à observer les objets spatiaux en temps réel.
Autre startup qui veille à la sécurité des satellites en orbite, Aldoria (ex Share My Space). L’entreprise qui a levé 10 millions d’euros début 2024 déploie six stations de douze télescopes installés en Australie, en Amérique du Nord et du Sud ainsi qu’en Europe. Objectif ? Surveiller l’espace et anticiper les menaces de collision posées par la prolifération des débris spatiaux et des satellites.
De manière plus globale, les acteurs du secteur spatial analysent de plus en plus l’impact environnemental de leurs activités, en menant des analyses du cycle de vie des missions et en développant des composants plus durables.
Son ambition : continuer à s’appuyer sur le spatial pour préserver la planète, surveiller les ressources agricoles, les réserves en eau, la biodiversité mais également le changement climatique.
Alors que l’Europe est engagée dans une course de vitesse pour assurer sa souveraineté technologique et son accès à l’espace, l’écosystème spatial toulousain doit pouvoir maintenir et développer son positionnement.

Le spatial en Occitanie : les chiffres clés

  • 390 entreprises
  • 15 000 emplois dédiés (industrie/formation/recherche)
  • 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires
  • 50% des emplois de la filière en France
  • 30% de l’emploi en Europe
  • Un tiers des emplois industriels de la filière en France
  • 9000 chercheurs
  • Deux constructeurs majeurs : Airbus Defence and Space et Thales Alenia Space
  • Un tiers des acteurs du NewSpace sont en Occitanie