Née en 2020 à Montpellier, Nobody Studio, spécialisée dans la post-production audiovisuelle, est une Scop qui monte… avec le sens collectif en ligne de mire.
« On est passés de 2 à 12 salariés et d’un simple bureau à une location de 450 m2, dans le quartier Clémenceau à Montpellier. Nous sommes de plus en plus sollicités », décrit Sébastien Chort, directeur créatif et cogérant aux côtés de Grégory Jennings.
Et pour cause : les deux dirigeants affichent chacun quelque 20 ans d’expérience dans l’industrie du film d’animation et des effets spéciaux, à l’échelle internationale, avec des passages réussis à Blur Studio, Dreamworks, Dwarf…
Expert des fins de livraisons - éclairages, couleurs, effets d’optique, finalisations de l’image -, Nobody Studio affiche de belles références : série « Love, Death & Robots » sur Netflix, jeu vidéo « Starfield » édité par Bethesda…
Rémunérer les talents à leur juste valeur
Le studio, qui réalise 1,4 million d’euros de chiffre d’affaires, entend « rémunérer correctement les collaborateurs, notamment les salaires d’entrée, et met en place l’intéressement au bénéfice via la participation salariale, souligne Sébastien Chort. Quand j’ai commencé, il y a près de 25 ans, je percevais un salaire décent. Aujourd’hui, sur le marché, la rémunération est inchangée, même dans les plus grosses structures. Alors que le secteur des industries culturelles et créatives explose, je trouve très dommage que la force de travail ne soit pas payée d’une manière juste en France. C’est l’une des raisons qui fait que des talents partent à l’étranger. » Autre ambition pour Nobody Studio : « Permettre à des artistes de participer simultanément à plusieurs grands projets internationaux, depuis l’Occitanie, sans devoir déménager de pays en pays tous les trois mois. »
Structuration en Scop
Attachée à son impact social, Nobody Studio s’est structurée en Scop, avec le soutien du pôle Réalis de la Région Occitanie.
« Le statut de Scop permet de mettre en place, de manière pérenne, un aspect démocratique en termes de gouvernance, de partage de richesse, de transmission, de vision collaborative. Je ne souhaite pas que l’entreprise soit limitée à ses seuls dirigeants. L’objectif est de compter, dans trois ans, entre 5 et 7 associés », au lieu de deux à ce jour.
Fort de cette stratégie solidaire, Nobody Studio ne connaît pas les difficultés de recrutements, dont se plaignent bon nombre d’acteurs du secteur. « Nous sommes peu présents en ligne, mais recevons chaque mois une centaine de candidatures. Preuve que le bouche à oreille, alimenté par des interventions régulières - dont une récente auprès de l’Urscop Occitanie sur l’entrepreneuriat en coopérative -, fonctionne ! », sourit Sébastien Chort.
La PME souhaite enfin s’autoproduire sur des champs créatifs plus larges, pour ne pas cantonner le studio aux prestations. « Une partie des bénéfices financera des projets que les salariés viendront pitcher. Cela peut être de la scénographie, de la photographie, le montage d’une chaîne YouTube… On aime tous s’exprimer ! Or, notre métier actuel nous met derrière un ordinateur en permanence. Nous souhaitons aussi pouvoir créer davantage », conclut-il.
Riche de son catalogue de formations, Réalis aide l’entreprise à franchir les étapes. « À la base, nous sommes des artistes, pas des entrepreneurs. Grâce à Réalis, nous sommes sensibilisés à des points-clés de la gestion : lecture des comptes de résultats et des bilans, préparation de la stratégie financière… »