Vous ne le croiserez pas aux soirées mondaines et dans le monde feutré de la tech. À Montpellier, il en est pourtant un des plus brillants ambassadeurs. Avec Axeptio, plateforme de gestion du consentement sur internet en pleine croissance, Romain Bessuges-Meusy, 37 ans, veut alléger les internautes des bandeaux cookies, grâce à une nouvelle solution, en cours de finalisation.
« Aujourd’hui, l’internaute est constamment harcelé dans sa navigation sur le Web. Il y a un fardeau du consentement. On demande aux gens de faire des choix, en toute méconnaissance de cause », alerte le cofondateur de l’entreprise et son associée, Delphine Dorseuil.
Concrètement, l’entreprise développe une plateforme sur laquelle les internautes pourront renseigner, dès 2024, leurs préférences (centres d’intérêt, valeurs, projets de vacances…) une bonne fois pour toutes. Seules les sociétés répondant aux choix indiqués auront accès aux données de la personne. « Nous voulons décupler les capacités d’intervention des internautes pour qu’ils retrouvent l’exercice de leur vie privée en ligne. Axeptio entend défendre l’autodétermination des individus. Aujourd’hui, la technologie nous dépossède de notre libre arbitre. Avec l’IA et les agents conversationnels qui arrivent, cela ne fera qu’empirer », plaide ce fils de journalistes. Vivre au rythme des actualités régionales, des bouclages de magazines et des portraits d’entrepreneurs, d’élus ou de dirigeants associatifs, l’a rendu « curieux de tout, des métiers, des idées, des valeurs, des autres. Ainsi, dans ma jeunesse, j’ai été aussi bien ‘geek’ que dans la musique ».
« Les applications ont rangé nos vies dans des étiquettes »
En ligne de mire, son objectif est à la fois entrepreneurial et politique. « Les sites Internet doivent pouvoir reprendre le contrôle sur les annonceurs. Google ne peut pas être le seul canal d’accès à l’inventaire publicitaire », précise ce musicologue de formation - 12 ans de conservatoire, en pratiquant le hautbois, et études supérieures de musicologie dans l’art lyrique. La plateformisation du monde, avec les Gafam, prend une place de plus en plus importante : nous importons des combats très américains, et oublions notre universalisme français. On ne choisit plus qui on veut être. Beaucoup de gens choisissent un stéréotype correspondant à sa communauté, à un clan. Et l’on s’oppose, clan contre clan, de façon binaire et véhémente. Les applications ont rangé nos vies dans des étiquettes. »
Le choix de rejoindre le centre-ville
Autre choix fort, le fait d’avoir quitté la zone du Millénaire (Montpellier) pour s’installer en cœur de ville dans le quartier populaire de Gambetta, , sur un plateau de 250 m².
« Nous souhaitons ne pas nous refermer sur nous-mêmes, entre acteurs de la tech, un cocon où l’on peut penser que l’on est supérieurs aux autres. C’est un syndrome de la ‘start-up nation’, confie cet ex-directeur informatique d’Exaprint (imprimerie en ligne), qui a créé Axeptio en 2017. Au Millénaire, nous étions entourés de développeurs web, tous identiques, avec des t-shirts trop grands, des shorts et des cheveux longs. Le choix du centre-ville, c’est un choix de mixité sociale et de contribution à la revitalisation des commerces de proximité. Chaque jour, grâce à ce choix, 35 salariés vont déjeuner en ville, utilisent des services de proximité, etc. C’est quand même mieux que de prendre sa voiture pour se rendre à Odysseum. »
Côté business, Axeptio a bénéficié d’un Contrat Innovation de la Région Occitanie, une aide remboursable à 0 % de 150 k€, en 2017. « Cette aide nous a permis de survivre et de mener à bien le développement du logiciel, pour se lancer commercialement. Sans elle, cela aurait été compliqué », rembobine-t-il.
Pour accélérer dans son couloir, la start-up a levé en 2021 et 2022 quelque 5,2 M€.
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