Les brèves

Le tourisme, un enjeu d’attractivité et de rayonnement pour l’Occitanie

Quelles nouvelles tendances portent la filière touristique ? Comment l’Occitanie tire son épingle du jeu ? Quels nouveaux marchés émergent ? L’événement international Rendez-Vous en France, les 26 et 27 mars à Toulouse, a donné un coup de projecteur sur les atouts touristiques de la région.

Le tourisme dans toutes ses dimensions.

À l’occasion du premier workshop international de l’offre touristique en France, « Rendez-Vous en France », les 26 et 27 mars à Toulouse, l’Occitanie a su mettre en avant, auprès de près de 1.000 tours-opérateurs, sa capacité à aborder les enjeux du tourisme dans toutes ses dimensions : transport décarboné (avion vert), mobilités durables (train, bus, vélo), formation (lycées hôteliers, université et recherche), accès pour la jeunesse (voyages scolaires), culture (patrimoine, festivals, cinéma, livre), agritourisme et œnotourisme, gastronomie, artisanat, tourisme technique et scientifique, environnement, tourisme et sport, tourisme et santé, réponses apportées en termes d’innovation (gestions de l’eau, des déchets et des flux, numérique dans le tourisme…), coopérations internationales…

Avec, également, des start-up d’ici qui percent, comme Ctoutvert, société toulousaine devenue en 20 ans, le leader européen de la réservation en ligne pour campings et villages, et lauréat de la première promotion du programme d’accompagnement « France Travel Tech », en octobre dernier.

Lors de cette édition 2024 de Rendez-Vous en France, « 260 tours-opérateurs ont participé à 24 Eductours en Occitanie. C’est un très beau bilan, se réjouit Nicole Pradines, responsable du pôle Promotion commerciale au CRTL Occitanie. L’Occitanie est une région vaste, mais « facile à programmer », dans le sens où le CRTL joue le rôle de facilitateur, en lien avec les 13 Départements, les principaux offices de tourisme et les entreprises privées. »
Les deux soirées ont d’ailleurs marqué les esprits : la première au sein du musée de l’aéronautique Aeroscopia, au beau milieu des avions, et la seconde au marché Victor Hugo, avec produits du terroir, dimension festive, bandas…
« Nous étions dans les tendances de ce que recherchent aujourd’hui les tours opérateurs : des lieux authentiques, l’art de vivre à la française », sourit Nicole Pradines.

Recherche de proximité, de sens et de local

Recherche d’expériences de proximité et de voyages porteurs de sens, succès du « consommer local », destinations nature… La dernière enquête pilotée par Bretagne Tourisme vient confirmer ces nouvelles attentes, pressenties lors de l’après-Covid.

Le confort et le bien-être, le retour à la nature, apparaissent comme de vrais marqueurs : + 2 % pour « se reposer, se ressourcer », + 6 % pour « prendre soin de soi », + 3 % pour « prendre son temps », + 8 % pour « pratiquer un sport », + 2 % pour « découverte culturelle (exposition, spectacle) »… « La règle des 3R (rupture, retrouvailles, ressourcement) reste au cœur des attentes en matière de vacances, avec en prime un besoin de confort et de nature », analyse l’étude.
Des tendances auxquelles l’Occitanie, terre d’authenticité, de patrimoine, de sites naturels et de thermalisme, répond parfaitement.

Environnement : la réussite d’Occitanie Rail Tour

Autre tendance forte, la vigilance des touristes à l’impact de leur comportement sur l’environnement. Certaines habitudes prises dans la vie quotidienne perdurent ainsi pendant les vacances, comme le tri des déchets ou les déplacements doux.

Lancée en 2022, l’Occitanie Rail Tour, initiative écoresponsable, sociale et économique développée par le CRTL Occitanie, y répond, en faisant préférer le train aux touristes, mais aussi aux habitants de l’Occitanie eux-mêmes. 19 lignes ferroviaires, connectées à 270 lignes de car, sillonnent la région, le long desquelles sont proposés visites, activités, hébergements, locations de vélos, restaurants…, à proximité immédiate des 150 gares-étapes.

Les tarifications adaptées – liO Trains à un euro sous conditions, offre de voyage à 10 euros par jour et pour tous… - constituent une offre de transport durable. Et économiquement imbattable  ! «  La première externalité qui crée des émissions de carbone dans le tourisme, c’est le transport, rappelle Vincent Garel, président du CRTL Occitanie. Grâce à l’Occitanie Rail Tour, le touriste peut visiter les territoires sans polluer.  »

Nouveauté 2024, le lancement de Green Tickets, un billet famille pour l’utilisation des lio Trains, compris dans l’hébergement. «  Nous discutons avec des groupés privés d’hébergement, comme Gîtes de France  », glisse-t-il.
Autres initiatives, la structuration de contrats de destination, comme Côtes de Méditerranée Occitanie, qui va réunir toutes les stations du littoral méditerranéen, «  un outil pour conquérir la clientèle d’Europe du Nord  ». Ou encore, le lancement, début avril, du Club des organisateurs d’événements sportifs par le CRTL, en lien avec la Direction des Sports et, déjà existant, le Guide de l’Enseignant, très utile pour l’organisation des classes découverte en Occitanie.
Le tourisme en Occitanie, c’est aussi une filière économique majeure  : 10 % du PIB régional, avec 15,9 milliards d’euros de consommation touristique, et 125.000 emplois.

2023, une saison record

Rappel en chiffres sur les atouts touristiques de l’Occitanie  : neuf sites inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco, deux parcs nationaux, huit parcs naturels régionaux, 41 Grands Sites Occitanie Sud de France, 28 établissements thermaux (188.000 curistes, soit la première destination thermale de France), 44 stations de sport d’hiver, plus de 50 ports de plaisance, un parc naturel marin, 220 kilomètres de côtes méditerranéennes et la première capacité d’accueil touristique de France, avec 3,3 millions de lits. De quoi attirer  !

Avec 222 millions de nuitées touristiques (tous modes d’hébergements confondus, données Fluxvision) en 2023, la destination Occitanie Sud de France a battu tous ses records, y compris de l’ère pré-Covid. Avec ses 142 millions de nuitées, soit 64 % du total, la clientèle française reste majoritaire. Les nuitées internationales ont progressé (+ 7 %), en particulier à Lourdes (+ 36 %), qui a retrouvé une dynamique après quatre années de crise sanitaire. 94 % de la clientèle étrangère est européenne.

«  L’Occitanie est la région qui a connu la plus forte reprise après le Covid auprès de la clientèle française. Tous les territoires bénéficient de ces bons résultats, obtenus notamment grâce aux 8 contrats de destination* signés avec l’agence nationale Atout France  », explique Vincent Garel, président du CRTL d’Occitanie.

* Littoral, Montpellier, Activités pleine nature et Itinérances, canal du Midi, Pyrénées, Toulouse, Lourdes, Vallée de la Dordogne.

Trois questions à…

Nicole Pradines, CRTL Occitanie

Quel est le poids de la distribution de l’offre touristique via les tours opérateurs, par opposition aux ventes directes  ?
NP : Plus on va loin, plus il y a d’intermédiation. Sur les longs courriers, le taux d’intervention des tours opérateurs monte à 85 % ou 90 %. Le phénomène s’est accru depuis le Covid. Les touristes qui se sont retrouvés bloqués lors de la crise sanitaire se retournent depuis vers les agences de voyage. Avec les tours opérateurs, nous ciblons les ailes de saison. Leur demande est plus forte quand il y a moins de monde. Pour la clientèle européenne, qui est la plus nombreuse dans la clientèle étrangère, les tours opérateurs sont moins importants, sauf pour les groupes d’autocaristes.

Au salon rendez-Vous France quelles ont été les grandes tendances de la demande, par pays cibles  ?
Observez-vous de nouveaux marchés  ?

NP : Une tendance forte consiste à découvrir des lieux hors des sentiers battus. Cela tombe bien  : pour les tours-opérateurs, l’Occitanie est « hors des sentiers battus ». Nous nous appuyons sur nos «  Tours Eiffel  » et nos Grands Sites, mieux connus à l’international  : le Pont du Gard, la cité de Carcassonne, Toulouse, Lourdes, Saint-Cirq-Lapopie, le cirque de Gavarnie… Pour rallonger le nombre de nuitées, nous enrichissons les circuits, par exemple en ajoutant Uzès, Anduze, Aigues-Mortes et Le Grau-du-Roi au traditionnel circuit gardois Pont-du-Gard / Nîmes. À Montpellier, nous ajoutons les gorges de l’Hérault et Saint-Guilhem-le-Désert.
Autre tendance, les circuits vélo pour les jeunes seniors. Les itinéraires sont diversifiés, le long du littoral, du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, du canal du Midi…
Par cette diversité de produits et d’expériences, nous parvenons à allonger la durée des séjours. Des Canadiens ou des Américains peuvent désormais passer au moins huit jours en Occitanie. Les Indiens aiment quant à eux se rendre à Lourdes, pour le côté spirituel, et à Toulouse, notamment pour la visite d’Airbus.
Quant aux marchés qui émergent, j’identifie les États-Unis, le Canada, le Japon et Taïwan. Les ressortissants de ces pays voyagent en petits groupes, toujours très respectueux de l’environnement. On est loin du surtourisme. Ils sont attachés à des découvertes à caractère environnemental, comme la préservation de la biodiversité en Camargue par exemple.

Y a-t-il une prise de conscience de l’impact du tourisme (carbone…) et une évolution de la demande vers des voyages plus durables  ?
NP : Les produits autour de l’Occitanie Rail Tour ont du succès, ce qui est un signe. La Région Occitanie est bien positionnée pour l’utilisation du train. Les Américains, les Indiens, les Japonais ou encore les Suisses se déplacent beaucoup en train, avec le pass Raileurope, utilisé pour la clientèle individuelle. Il y a une vraie demande de leur côté pour ce type de transport décarboné, contribuant à un tourisme responsable.