Les brèves

L’agriculture en Occitanie et son plaidoyer pour une nouvelle PAC

Le secteur agricole et viticole en Occitanie traverse une période charnière, marquée par des défis économiques, climatiques et sanitaires à répétition. Important pourvoyeur d’emplois en Occitanie, avec 195 000 emplois, le secteur est un pilier de l’économie régionale. Il sera largement représenté lors du Salon International de l’Agriculture (SIA) qui se tient à Paris du 22 février au 2 mars.

En décembre 2024, le Salon International de l’Agriculture d’Occitanie a fêté ses 20 ans et rassemblé plus de 45 000 visiteurs.

Crédits : ©Léo Arcangeli - Région Occitanie

En 2024, 600 000 visiteurs ont fait le déplacement au Salon international de l’Agriculture (SIA). C’est dire si ce rendez-vous compte dans l’esprit des Français. Mais le rendez-vous annuel se déroule en 2025 dans un climat incertain. Les agriculteurs d’Occitanie, comme leurs homologues nationaux, font face à des difficultés croissantes pour vivre décemment de leur métier tout en s’adaptant au changement climatique et aux nouvelles habitudes de consommation. De plus, la signature fin 2024 de l’accord UE-Mercosur ainsi que la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump qui menace directement la viticulture exacerbent les inquiétudes quant à l’avenir du modèle agricole européen.

Un plaidoyer pour une nouvelle PAC

Dans ce contexte, la présidente Carole Delga demande aux instances de l’Union
européenne et aux gouvernements des États membres d’inscrire « à l’agenda de
l’élaboration de la future PAC 2028-2034, les principes figurant dans le plaidoyer pour une nouvelle politique agricole commune plus juste, plus équitable, pour une agriculture plus forte, plus résiliente et diversifiée ». Adopté en assemblée plénière le 13 février 2025, ce plaidoyer s’articule autour de principes essentiels visant à repenser l’agriculture et ses enjeux. Il défend une répartition équitable des aides, adaptée aux cycles économiques des exploitations et des productions, tout en valorisant un modèle agricole diversifié qui préserve la polyculture et le polyélevage. Face aux défis du changement climatique, il met l’accent sur la résilience des systèmes agricoles, notamment en zone méditerranéenne. L’objectif est également de garantir une alimentation de qualité, accessible à tous, tout en promouvant une agriculture respectueuse de l’environnement et soucieuse de la protection des sols. Enfin, il insiste sur la nécessité d’une Politique Agricole Commune (PAC) claire, simple et véritablement accessible aux agriculteurs.

La gestion de l’eau, un enjeu crucial

Face aux épisodes de sécheresse qui touchent le littoral occitan, et plus particulièrement depuis trois ans les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, les agriculteurs et viticulteurs de la région avaient sollicité la présidente de la Région Occitanie et le préfet de Région. C’est dans ce contexte que la Région Occitanie a lancé en décembre 2024 une étude aux côtés de la Préfecture de Région, de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse et des départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. L’étude, qui durera 18 mois, consistera à analyser les demandes en eau à horizon 2070. L’objectif est de déterminer comment sécuriser leur accès à l’eau en tenant compte de l’accélération des effets du changement climatique, à travers une meilleure gestion de la ressource et l’optimisation des infrastructures hydrauliques existantes.
Cette étude devra également déterminer la faisabilité, à la fois technique, économique et financière d’une extension du Réseau Hydraulique Régional (RHR) dans l’Aude et les Pyrénées Orientales, projet appelé Aqua Domita 2. Comme l’explique Carole Delga, présidente de la Région Occitanie qui se rendra au SIA les 25 et 26 février, « nous travaillons d’ores et déjà, pour déployer, à court, moyen et long terme, des solutions explorant tous les moyens à notre disposition, que ce soit la réutilisation des eaux usées, le maillage efficace des réseaux d’approvisionnement, la création de retenues collinaires ou encore des forages quand c’est possible. »
Objectif également : valoriser les pratiques culturales économes. À noter par exemple l’expérimentation menée sur 2 sites pilotes de l’Est de l’Occitanie. L’une est réalisée à Ouveillan (11) pour la recharge hivernale en eau des sols et l’autre sur la zone de Gignac (34) avec des essais avec micro vinifications sur des variétés de cépages résistants. Toutes ces initiatives s’inscrivent dans le cadre plus large du Plan régional Eau, qui vise à faire face à un déficit structurel d’environ 200 millions de m3 en année normale et à garantir à tous ses territoires l’accès durable à l’eau.

La viticulture : un pilier économique majeur pour la région

La viticulture fait vivre 126 000 personnes et apporte 3,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’économie régionale. La nécessité d’atténuer les impacts environnementaux et de s’adapter aux nouvelles tendances de consommation conduit la filière à se réinventer.

En décembre 2024, la Région Occitanie a approuvé l’Acte II du contrat de filière vitivinicole 2024-2026 doté de 5 millions d’euros et qui comprend 15 nouvelles mesures s’articulant autour de 3 axes : la sécurisation de l’accès à l’eau, l’adaptation des modes de production face à l’urgence climatique, incluant le développement de pratiques innovantes et durables ; la reconquête des marchés des vins et spiritueux, avec une analyse approfondie des tendances de consommation pour orienter les efforts vers les segments les plus prometteurs et identifier des pistes de diversification.

Concernant l’adaptation aux changements climatiques, le contrat prévoit la création de plateformes dédiées aux pratiques innovantes de viticulture durable. Un volet important concerne le développement de filières locales d’approvisionnement en matière organique, renforçant ainsi l’autonomie et la résilience des exploitations.
La "smart agriculture" sera également promue, avec l’équipement des coopératives et viticulteurs en solutions numériques d’aide à la décision. Ces outils permettront une gestion plus précise et efficace des exploitations. Un axe spécifique est aussi consacré au renouvellement générationnel, avec des mesures facilitant la transmission des exploitations et l’installation de nouveaux viticulteurs.

Occit’Alim

L’Occitanie se positionne aussi comme un leader en matière d’agriculture durable. Elle est la première région bio d’Europe et la première région française pour les produits sous signe officiel de qualité et d’origine. Pour maintenir cette dynamique, la Région mise sur le développement des circuits courts, notamment via Occit’Alim. La centrale d’achat créée par la Région Occitanie en mars 2020 pour favoriser l’alimentation durable et locale dans la restauration collective publique va prendre de l’ampleur. Sa plateforme qui approvisionne déjà 172 lycées d’Occitanie va s’ouvrir à de nouveaux acheteurs à partir du 1er mars 2025. L’objectif est d’en rassembler une quarantaine d’ici la fin de l’année. Depuis le 1er janvier, les villes de Launaguet (31), de Lavaur (81) et de Foix (09), ainsi que la communauté d’agglomération du Sicoval (31) peuvent passer leurs commandes en produits locaux, de qualité et bio auprès de 130 producteurs régionaux référencés.

Finissons sur une note positive avec la perspective de créations d’emplois dans l’agriculture. Dans leur étude sur les incidences économiques de l’action pour le climat, France Stratégie et la Dares indiquaient en 2023 que « si la dynamique globale est aujourd’hui à la baisse des actifs dans l’agriculture, plusieurs éléments pourraient se révéler favorables à l’emploi, à savoir la diversification des activités, l’usage des circuits courts, l’adaptation des filières végétales ou encore l’inscription dans des filières de qualité. » Les métiers d’agriculteurs, d’éleveurs, de sylviculteurs, de viticulteurs et de bûcherons ont de l’avenir, qu’on se le dise !

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