« Cette année, mon objectif est simple : gagner la Route du Rhum », affirme Kito de Pavant. À 57 ans, le vieux loup de mer à la tignasse ébouriffée repart à l’aventure. Le skipper languedocien sera, le 4 novembre, au départ de la transatlantique en solitaire entre Saint-Malo et la Guadeloupe. Affronter l’élite de la course au large, voilà qui enchante le navigateur, familier des océans du globe depuis plus de quarante ans.
« Ce nouveau défi a en plus l’accent du Sud », se réjouit le seul compétiteur installé en Méditerranée. Kito (ainsi rebaptisé parce que sa petite soeur n’arrivait pas à prononcer son prénom Christophe) est en résidence à Port-Camargue (Gard).
Pour lui, « dans notre région, on a les meilleures conditions pour naviguer et faire de la voile ». Sa passion est née sur un étang de Dordogne, à bord d’un minuscule voilier bricolé par son père, médecin, féru de large qui lui donne le virus de la navigation. Lorsque ses parents s’installent au Grau-du-Roi (Gard) dans les années 70, il découvre la voile… et devient champion de France de mini-tonner. Depuis, les étangs sont devenus océans et Kito a baroudé et baroudé encore. Sur toutes les mers du monde.
L’Atlantique, il l’a traversé une bonne quarantaine de fois, en convoyage de voiliers – un de ses premiers métiers – et en course. « J’ai pris le temps de bourlinguer. En parallèle, j’ai développé ma plage privée à l’Espiguette en attendant que mes 5 enfants grandissent. En 2000, à 39 ans, j’ai sauté le pas, j’ai osé réaliser un vieux rêve : la course au large. Lors de la Solitaire du Figaro, mes adversaires de l’Atlantique m’ont regardé d’un drôle d’air. J’étais le plagiste méditerranéen que personne n’attendait. » Le Sudiste remportera cette course mythique en 2002, à la barbe des Bretons, qu’il chambre amicalement, le soir venu, à l’escale.
Tour de France à la voile, Transat AG2R, record de traversée en tous genres… Les victoires s’enchaînent pour celui qui affirme « faire sérieusement son boulot de marin sans se prendre au sérieux ». Néanmoins, la mer qu’il chérit tant ne lui fait pas de cadeaux. Une incroyable malchance l’a fait ravaler bien trop tôt ses ambitions de Vendée Globe et chacun se souvient de son insondable détresse et de son immense frustration à devoir abandonner la course de ses rêves en 2016.
Aujourd’hui, c’est du passé. De nouveau à l’attaque, Christophe Fourcault de Pavant a bien l’intention de se mêler à la bagarre. Il en a les moyens car il fait partie de ces marins inspirés, atypiques, qui ne font rien comme tout le monde. « Dans cette Route du Rhum, la flotte sera homogène et la catégorie class 40, dans laquelle je serai engagé, est la seule où l’argent ne fait pas la différence, la seule où le sport est roi », explique le skipper dont le bateau, Made in Midi, regroupe une trentaine de partenaires, dont la Région, ainsi que des PME et des start-up régionales.
Bon vent, Kito !