Les brèves

Kawantech  : l’intelligence de l’éclairage public

La PME toulousaine innove depuis 14 ans dans le pilotage de l’éclairage public. Dernière innovation : l’utilisation des mâts des lampadaires pour installer des stations 5G.

Basé en Haute-Garonne, Kawantech développe des équipements de contrôle de luminaires et d’armoires de gestion d’éclairage public.

Crédits : Kawantech

«  Kawan  » signifie «  chouette  », en breton. D’où «  Kawantech  » pour dénommer cette entreprise toulousaine, développant des équipements de contrôle de luminaires et d’armoires de gestion d’éclairage public. «  La chouette est un animal discret, qui veille la nuit  », explique son fondateur et président, Yves Le Henaff, originaire de Paimpol, dans les Côtes-d’Armor.

La PME de 11 salariés, créée en 2011 et implantée dans le quartier Borderouge, développe historiquement des capteurs et systèmes d’automatismes communicants, pour rendre les lampadaires actifs. «  On parle beaucoup de ville intelligente, mais partons de la base  ! La moindre des choses, c’est qu’une commune soit capable de réguler l’usage de l’énergie devant la porte des citoyens. Il faut faire mieux que d’allumer les lampadaires le soir, pour les éteindre au lever du soleil  », résume cet ingénieur qui a développé, dans une vie passée, des systèmes connectés dans l’automobile (avertisseurs radars pour l’application Coyote).

Des capteurs à la gestion

S’ils sont innovants - pilotables à distance depuis un ordinateur ou un smartphone -, les logiciels et l’électronique installés par Kawantech doivent aussi être résilients, pour résister à l’épreuve du temps et aux intempéries. «  L’aire de Toulouse, forte de la filière aéronautique, possède des compétences en ingénierie, permettant de relever le défi. Nous avons trouvé ici des ingénieurs qui savent élaborer des logiciels fiables, et des sous-traitants en électronique à même de créer des boîtiers et des cartes électroniques  », complète-t-il. Ainsi, Kawantech, qui a vendu l’an dernier quelque 8.000 produits, confie leurs productions à Acemis, basé à Cugnaux.

En 14 ans, la vocation de l’entreprise a évolué  : «  Nous sommes passés des capteurs intelligents, à la gestion de l’énergie de l’éclairage public  », observe Yves Le Henaff. Concrètement, un syndicat d’énergie ou une commune peut décider de ‘rallumer’ une commune d’ordinaire non-éclairée la nuit, pour une fête, une kermesse…, ou aussi pour sécuriser une zone après un accident. «  Ce besoin de ‘rallumer’ les villes n’existait pas avant. Aujourd’hui, l’éclairage public s’éteint souvent à 23h  », pour des raisons écologiques et économiques.

Dernière innovation, portée depuis 2023  : l’implantation sur les mâts d’éclairage de nouvelles stations 5G d’opérateurs téléphoniques. Compacts, ces émetteurs sont répartis aux bons endroits. Quand le lampadaire s’éteint, la station 5G reste alimentée. Les opérateurs télécom reversent une redevance de location aux communes. «  C’est un nouveau marché qui s’ouvre à nous  », confie le dirigeant.

Dangers du tout-LED

Le spécialiste alerte sur les effets de l’éclairage LED, qui pèsent environ 30 % de l’éclairage public. Certes, ils consomment moins d’énergie, mais ils génèrent une pollution lumineuse qui nuit à la faune. «  L’éclairage LED se démocratise, mais il y a un revers de la médaille. Il perturbe plus la faune que les luminaires classiques, du fait de sa couleur plus blanche. Il attire les insectes, qui ne retournent pas dans leurs nids, ainsi que des populations d’oiseaux qui confondent les éclairages avec la lune, et peuvent être entravés dans leurs migrations.  » Sa préconisation  : ne pas éclairer trop fort, ni trop longtemps. Une démarche défendue dès 2021 par Carole Delga, présidente de la Région Occitanie.

Kawantech réalise un chiffre d’affaires d’environ 700.000 euros, en forte croissance, avec quelque 350 clients, des plus grosses communes (Paris, Toulouse, Bordeaux, Strasbourg, Rennes) à environ 80 villages du Tarn. Après avoir levé 12 millions d’euros depuis sa création, le seuil de rentabilité doit être atteint cette année.