Vous avez choisi le symbole « & » comme titre de votre dernier album. Pourquoi ?
Julien Doré : Ce symbole s’appelle une esperluette. Je le trouve assez beau. C’est d’abord une proposition. Il est au centre d’une addition, d’une union. Sur la pochette du disque, l’esperluette est percée, comme une fenêtre sur l’univers de mon album. C’est aussi un lien entre la mer et la montagne.
Dans ce disque, vous multipliez les références à la nature. Quel est votre rapport à celle-ci ?
J. D. : La nature, pour moi, est ancrée dans l’enfance. Je suis né à Alès, au cœur des Cévennes. J’ai grandi à Lunel, dans l’Hérault. Ce sont des endroits où, en quelques minutes, on peut se retrouver à la mer ou à la montagne. Je suis né avec cette proximité-là, et après dix ans à Paris, je me rends compte que les grands espaces, la mer, le soleil, me manquent.
Vos racines sudistes sont-elles importantes dans votre travail ?
J. D. : Je me suis aperçu que la quasi-totalité des textes que j’ai écrits, des mélodies que j’ai composées, sont nés dans le Sud. J’ai besoin d’être au cœur de la nature pour créer. Pour moi, c’est essentiel, c’est vital. Dernièrement, j’ai passé deux jours du côté de l’Espiguette, à regarder le soleil se lever. Voilà ce que j’aime et qui me ressource d’une façon incroyable. Je suis vraiment du Sud.
Vous souhaitez revenir vous installer dans la région ?
J. D. : Je vais revenir m’installer dans le Sud, oui. Tout simplement parce que je me sens mieux ici, je suis plus heureux. Quand je suis ici, j’ai l’impression d’être plus ouvert sur ce qui m’entoure. C’est une question de rythme. Et puis, mes parents vivent toujours à Lunel.
Quand vous revenez, que faites-vous ?
J. D. : Souvent, une partie de pétanque avec les potes. Je passe aussi pas mal de
moments en famille à manger des bonnes choses en buvant un bon verre de vin. Et puis, je me promène… pieds nus. Une manière aussi de me ré-ancrer dans ma terre.
Vous serez en concert au Zénith de Montpellier le 22 mars. Ça vous fait
quoi de revenir jouer ici ?
J. D. : Ça me fait toujours un peu peur. Je suis à chaque fois très heureux, mais aussi un peu plus tendu. Il me faut plus de temps pour me laisser aller, parce que je veux faire du mieux que je peux. Quand j’étais encore étudiant aux Beaux-Arts à Nîmes, et que je venais voir des amis à Montpellier, je passais souvent devant le Zénith. Je me disais, un jour, peut-être, tu joueras dans cette salle…
Vous êtes toujours supporter de Montpellier ?
J. D. : Plus que jamais. Même si je m’étonne d’aimer encore le foot, malgré tout le business qui gravite autour de ce sport. Mais, c’est plus fort que moi. Quand je regarde un match de Montpellier, je retrouve mon âme d’enfant et mes souvenirs d’ado lorsque j’allais voir les joueurs à l’entraînement. Allez La Paillade !
Votre bonne résolution pour 2017 ?
J. D. : Trouver le moyen de continuer de croire, d’espérer, de fabriquer des chansons. Ne pas me laisser envahir par le pessimisme ambiant. On est dans une société qui essaie d’expliquer à la jeune génération que la réussite est liée à la rage de conquérir. Il n’y a pas plus stupide comme proposition pour demain. C’est une connerie très dangereuse. Car demain dépend précisément du fait d’arrêter de croire en cette possibilité de vouloir être milliardaire parce que c’est toujours aux dépens de quelque chose ou de quelqu’un. Alors qu’avec un raisonnement beaucoup plus axé sur l’humain, la part de rêve, d’envie, la vie serait bien plus belle.