Jean BÉRET

Une chose est claire : Jean Béret présente dans ses œuvres des objets et des personnages parfaitement reconnaissables. L’intention figurative, servie par une technique exigeante et sûre, leur confère un haut degré de réalité. Pourtant, le spectateur n’est pas dans la reconnaissance tranquille, mais dans l’interrogation.

Ici règne un esprit de jeu. La loi qui commande l’assemblage sur la toile des différents éléments de l’alchimie reste mystérieuse (peut-être aussi pour lui, d’ailleurs) : rapprochements et combinaisons créent des mises en scène surprenantes, improbables, surréelles si on veut. Irrésistiblement le spectateur se met à raisonner – ou déraisonner – en fonction de son expérience, son imagination et sa culture.

Donc, encore des détours, voire des cryptages. On comprend pourquoi : le couple, les amours, la mort, la mélancolie, les mythes, Jean Béret explore sa vie, cette vie qu’il boit, à la manière d’Apollinaire, « comme une eau-de-vie ». Tout en la racontant, il cherche à la transcender.

L’enjeu existentiel est considérable, vital sans doute. Il faut voir dans les détours une pudeur, dans les masquages une élégance.

Il y a plus : de même que les jeux sur les mots créent une connivence, les œuvres plastiques de Jean Béret invitent avec insistance à l’échange : c’est un homme qui cultive avec ferveur les liens et les amitiés.

Élisabeth Aragon, mars 2023