L’entreprise, créée il y a 20 ans à Montpellier, lève 1,2 million d’euros pour accélérer son déploiement commercial. Un coup d’accélérateur bienvenu.
Véritable pionnier dans la restauration des milieux aquatiques, Ecocéan annonce fin novembre 2023 une levée de fonds d’1,2 million d’euros, auprès de la Banque des Territoires dans le cadre de France 2030, et de Sud Mer Invest, filiale de la Banque Populaire du Sud.
De quoi assurer le déploiement commercial de ses solutions innovantes, consistant à travailler sur les premiers stades de vie des poissons et animaux aquatiques, afin de restaurer la biodiversité dans les environnements côtiers. Avec un leitmotiv : « Développer des solutions durables, sans béton ni plastique, basées sur l’économie circulaire », déclare Gilles Lecaillon, fondateur-dirigeant, biologiste marin, expert internationalement reconnu en matière de restauration écologique marine.
Filière en pleine structuration
Ecocéan s’appuie depuis deux décennies sur diverses solutions complémentaires, qui redonnent des fonctionnalités écologiques positives à des infrastructures artificielles. Il s’agit de nurseries artificielles brevetées (habitats artificiels fournissant le gîte, l’alimentation et la protection contre les prédateurs de post-larves), de repeuplement à partir de la capture et de l’élevage de larves sauvages, d’installation de radeaux flottants végétalisés…
Un sens de l’anticipation qui est validé par le marché. « Une filière est en train de se mettre en place, indique l’expert à Occitanie News. De plus en plus de collectivités, ainsi que les pouvoirs publics et l’État, se rendent compte qu’il faut restaurer l’écosystème marin. Nous sentons cette dynamique, y compris au niveau au contexte réglementaire français et européen. »
Le parti-pris consiste à s’adapter à l’existant, en misant sur une innovation solide. « Il existe 130 ports en Méditerranée française, entre Menton et Cerbère, avec des kilomètres de digues en enrochement. Nous ne sommes pas dans la posture : ‘Il n’aurait pas fallu qu’elles soient là’, déclare Gilles Lecaillon. Mais nous avons démontré que l’on pouvait faire des choses écologiquement intéressantes et scientifiquement validées. C’est notre valeur ajoutée. Nous sommes des écologues, des scientifiques. Tout ce que nous proposons a fait l’objet de trois ou quatre ans de recherches au préalable. C’est trop facile, quand on est sous l’eau, de déclarer que telle solution fonctionne, en s’appuyant sur une simple photo, alors que personne n’ira la vérifier. »
Le marché des éoliennes offshore
Grâce à l’intervention de la Région Occitanie, Ecocéan va équiper, via le programme Littoral Plus, ses solutions d’habitat sur le flotteur d’une des trois éoliennes offshore du projet EFGL (Éoliennes Flottantes du Golfe du Lion), qui sera installée fin 2024 au large du littoral audois. Sur ce type d’installation, « la complexité est augmentée. Il nous faut utiliser le même matériau que l’éolienne. Des animaux vivant dans la colonne d’eau se fixeront sur un substrat constitué d’acier et de coquilles d’huîtres. Cet habitat permet aux larves de se développer. Nous aidons les jeunes individus, présents en grande quantité, à trouver de quoi survivre, en étant protégés des prédateurs ».
Pour parvenir à ce résultat, rien n’a été laissé au hasard. Ecocéan a ainsi installé au large de Leucate, entre juin 2019 et juin 2023, une boulée d’observation de la biodiversité, aux dimensions impressionnantes : 15 mètres de haut et 1,5 de large, pour un poids de 4 tonnes. « Cela nous a permis de comprendre ce qui allait se passer sur les futures éoliennes. Nous avons présenté les résultats observés, en octobre dernier, aux pêcheurs, au milieu universitaire, aux acteurs de la Réserve marine et aux services de l’État », explique-t-il.
Ecocéan se positionne sur un marché des éoliennes offshore désormais mondial, en Ecosse, en Norvège, aux États-Unis… « C’est un énorme travail à mener, pour s’attaquer à ce segment de marché porteur sur la prochaine décennie. » En France, Ecocéan s’est ainsi positionné sur l’appel d’offres récent Sud Bretagne, et sur les deux parcs commerciaux prévus en Méditerranée, en intégrant sa solution écologique dans les réponses des opérateurs.
Pour faire face à cette montée en puissance, la PME de 21 salariés a recruté un directeur commercial international, Stéphane Thesin, un responsable communication, un commercial et un directeur des opérations qui va gérer la société aux côtés de Gilles Lecaillon. Ce dernier reste majoritaire au capital, avec les partenaires historiques et des amis qui ont investi en love money. « La récente levée de fonds est bien sûr importante, mais n’est pas une fin en soi. Depuis 20 ans, nous avons déjà investi des millions d’euros en fonds propres, mené des travaux avec des chercheurs de l’Université de Perpignan, de Nice… », conclut le plongeur professionnel.
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