Les brèves

European Wine Day  : Toulouse en laboratoire de la viticulture de demain

Quel avenir pour le vin en Europe ? Quelles innovations alors que le réchauffement climatique impacte les vignobles ? Comment adapter la production à un marché de plus en plus mouvant, et adepte des produits ‘sortis du frigo’ (bières, vins blancs et rosés…) ?

Crédits : Hélène Ressayres

Alors que le malaise viticole s’accroît, la première édition de European Wine Day, le 27 octobre à l’Hôtel de Région Occitanie à Toulouse (désignée ville européenne du vin en 2023), a apporté des clés. Et des motifs d’espoir.

Certes, des restrictions européennes voient le jour en matière d’environnement : glyphosate, pesticides… Et il ne faut pas occulter la bataille qui se mène, à Bruxelles, dans le domaine de la santé. Selon le lobby puissant de la tendance ‘hygiéniste’, la simple consommation d’alcool, et non pas l’abus d’alcool, causerait le développement de maladies non transmissibles.

Le cas de l’étiquetage irlandais (avertissant des dangers sanitaires) suscite des inquiétudes chez les producteurs. Ce type d’étiquetage négatif va-t-il faire école en Europe ? La perspective des élections européennes gèle pour l’instant la situation.

Gabriele Castelli, responsable des affaires juridiques au sein de Federvini (Italie), prône quant à lui un modèle « d’éducation, et non pas d’interdiction », propre à l’Europe du Sud.

Nouvelles tendances de consommation

Du côté du marché aussi, l’adaptation s’impose. « 60 % de la production est en vins rouges et 40 % en blancs et rosés, alors que la consommation mondiale est portée à 60 % par les blancs et rosés et à 40 % par les rouges », décrypte le courtier en vins franco-britannique Daniel Murphy, basé à Montpellier.

« Le consommateur étranger, américain par exemple, veut à travers le vin une image de la France, mais sans entrer dans des complexités culturelles, faites de terroirs, de châteaux, de domaines, analyse Laurent Delaunay, fondateur du groupe Delaunay Vins&Domaines (16 millions de bouteilles par an, dont 64 % à l’export). Sinon, le consommateur se dit ‘C’est trop intimidant’, voire ‘C’est trop arrogant’. » Selon lui, la production viticole « a perdu une connexion avec le client final. Il y a certes de très jolies qualités, mais moins de clients, car la demande évolue très vite. »

Ce sommet international a attiré plus de 200 participants, dont des étudiants toulousains (TBS et Université de Rangueil).

Il s’est déroulé en présence de la filière viticole, culturelle et touristique européenne, de Jean-Louis Cazaubon, vice-président de la Région Occitanie délégué à la souveraineté alimentaire, la viticulture et la montagne, de Mauro Poinelli, chef d’unité à la Direction générale de l’agriculture et du développement rural de la Commission européenne, et de trois députés européens - dont Irène Tolleret, viticultrice héraultaise.

L’événement, organisé par l’Arev (Assemblée des Régions Européennes Viticoles), Farm Europe, les Vignerons Coopérateurs, l’Interprofession des Vins du Sud-Ouest (IVSO), l’association Iter Vitis France et le réseau Récevin, doit être reconduit en 2024, dans une autre région d’Europe.