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Bientôt des poissons dans l’espace pour survivre sur la lune

Le Centre spatial universitaire de Montpelier et l’Ifremer préparent l’autonomie alimentaire de l’homme sur la lune, puis sur Mars. Leur projet LAUVE expérimente l’envoi dans l’espace, par nanosatellite, d’œufs fécondés de poissons. Un nanosatellite devrait être mis en orbite en 2021.

Envoyer des œufs de poissons fécondés sur la lune, pour y développer une aquaculture permettant aux astronautes de produire eux-mêmes leur nourriture ? C’est l’expérimentation menée depuis début 2019 par le Centre spatial universitaire de Montpellier (CSUM), spécialiste des nanosatellites, et l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) à Palavas-les-Flots.

Outre des protéines, des lipides, des vitamines et une grande variété d’espèces et de goûts, les poissons amènent des éléments indispensables comme les oméga 3 que l’homme ne produit pas seul, résume Muriel Bernard, directrice qualité et valorisation au CSUM. Lauve* est la première étape d’un projet plus global, Lunar Hatch, destiné à préparer l’installation au long cours d’humains sur la lune, voire sur Mars.

Maxime Nicloux, jeune ingénieur stagiaire du CSUM en charge du support projets nanosatellites, précise : « La première expédition lunaire pourrait avoir lieu en 2030. » Cette expérimentation est une première mondiale menée sur un animal aquatique. Jusque-là, seules des productions végétales (tomates, salades ou pommes de terre) ont été expérimentées par la Nasa et l’ESA.

Le Centre spatial universitaire de Montpellier et l’Ifremer de Palavas-les-Flots ont mis au point un nanosatellite (un cube de 10 cm de côté) et testent en laboratoire, dans les conditions d’un vol spatial, la résistance d’œufs fécondés de loups et de maigres venus d’un élevage de Balaruc-les-Bains. « Les résultats sont très encourageants, le taux d’éclosion reste très bon », observe Cyrille Przybyla, biologiste marin et chercheur en aquaculture à l’origine des projets Lauve et Lunar Hatch.

Les œufs de poissons ont plusieurs avantages : faciles à embarquer sur les fusées, ils permettent surtout de limiter la charge utile. « Envoyer 1 kg de charge utile sur la lune coûte 20 000 €, indique le chercheur. On peut mettre jusqu’à 500 œufs dans un demi-litre d’eau salée , qui les protège aussi des radiations. En outre, ces œufs fécondés ne nécessitent aucune action de l‘équipage. » Le voyage sur la lune dure trois à quatre jours, le temps pour l’organisme aquacole de poursuivre son développement embryonnaire et d’éclore en arrivant à destination. Le CSUM et l’Ifremer souhaitent effectuer la mise en orbite terrestre d’un CubeSat rempli d’œufs de poissons en 2021.

*acronyme de Launch vibration on fish embryo.

Deux centres spatiaux universitaires, à Montpellier et Toulouse

La création en juillet 2011 du Centre spatial universitaire au sein de l’Université de Montpellier fut une première en France. Son bâtiment, inauguré en mars 2017, a été financé par la Région pour 2,5 M€.
Depuis juin 2016, le CSU de Montpellier (qui a aussi un site à l’IUT à Nîmes) possède son équivalent à Toulouse. Le Centre spatial universitaire de Toulouse, porté par l’école ISAE-SupAero, réunit huit partenaires académiques et de recherche. Comme celui de Montpellier, il est soutenu par le Centre national d’études spatiales. Tous deux conçoivent et lancent des nanosatellites.
D’ailleurs, le Centre spatial universitaire de Montpellier a une autre actualité : le lancement le 5 juillet, depuis la base russe de Vostotchny en Sibérie, du satellite MT Cube (Memory Test cube) pour tester la résistance aux radiations des composants mémoires. Un lancement cofinancé par l’Agence spatiale européenne et la Fondation Van Allen, partenaire de l’université de Montpellier.

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