Les brèves

Comment le Centre Spatial de l’Université de Montpellier excelle dans les nanosatellites

Moteurs du New Space en Occitanie, opérationnels depuis plus de 10 ans, le Centre Spatial de l’Université de Montpellier et la Fondation Van Allen affichent une double vocation, à la fois dans l’industrie spatiale et la formation des talents.

Développé par le Centre Spatial de l’Université de Montpellier, ROBUSTA-3A, est le seul nanosatellite académique français sur le vol inaugural d’Ariane 6.

Crédits : Université de Montpellier

Mission à nouveau réussie. 8e nanosatellite développé par le Centre Spatial de l’Université de Montpellier (CSUM), ROBUSTA-3A, bijou technologique de 4 kilos pour 30 cm de haut de 10 cm de côté, a été, le 9 juillet, le seul nanosatellite académique français sur le vol inaugural d’Ariane 6, déclenché depuis Kourou (Guyane) est couronné de succès.
Cette performance ne doit rien au hasard. De multiples essais ont été réalisés grâce aux moyens d’essais disponibles au CSUM : banc de test innovant créé sur-mesure pour ROBUSTA-3A, chambre à vide thermique simulant les variations de température en orbite, pot vibrant reproduisant les vibrations du lanceur…
Ce succès spatial made in Occitanie vient récompenser un travail d’équipe de longue haleine (10 ans) en matière d’ingénierie spatiale  : l’équipe du CSUM, Fondation Van Allen (FVA), quelque 300 étudiants, Airbus Defence & Space, Clix Industries, Latécoère Interconnexion Systems, Mécanique Laurent, Nimesis Technology, Saft Battery, Safran, Symétrie, 3D Plus, l’ESA, le CNES, ArianeGroup, Arianespace…
«  La dimension environnementale des projets portés par le CSUM et soutenus par les mécènes de FVA est au cœur d’une démarche universelle de préservation de la planète », explique l’ancien Ministre Jean-Claude Gayssot, président de la FVA.
Ainsi, «  Méditerranée  », mission principale de ROBUSTA-3A, consiste à équiper des navires qui traversent régulièrement la Méditerranée de récepteurs GNSS pour améliorer la connaissance du champ d’humidité au-dessus de la Méditerranée. Il s’agit de mieux prévoir les pluies intenses enregistrées lors des épisodes dits «  cévenols  », causés par l’accumulation de cette humidité atmosphérique en mer. ROBUSTA 3A collectera les données et les transmettra aux partenaires, fournissant à Météo-France des informations sur les risques et leurs localisations.

Sénégal et Djibouti

A suivi le lancement du 1er nanosatellite de la République du Sénégal, le 16 août, conçu au CSUM par des ingénieurs et techniciens sénégalais formés par le Centre Spatial dans le cadre d’un partenariat. Mi-octobre, sera lancé le 10e satellite, DJIBOUTI 1-B. «  Les nanosatellites sont la première porte d’accès au spatial pour certains acteurs  : starts-up, industriels, pays émergents. Les technologies restent abordables. Et nous pouvons créer de petites constellations, toujours en visibilité d’un point du globe  », détaille le professeur Laurent Dusseau, directeur du CSUM et de la FVA. Les performances ne sont pas similaires à celles des gros satellites. «  Par contre, les nanosatellites peuvent apporter plusieurs images par jours, avec une capacité de revisite  », ajoute l’expert.
La petite agence spatiale montpelliéraine, qui signe ces succès planétaires, est composée d’une trentaine d’ingénieurs (systèmes, missions, qualités, juristes, assurance, assemblage-intégration-test, IT…), et est financée par le mécénat industriel à travers la FVA et les contrats industriels et l’export. «  Nous avons toute la propriété intellectuelle  », rappelle professeur Laurent Dusseau.

Formations pour les mécènes de la Fondation Van Allen

L’activité permet de former des étudiants de tout horizon, inscrits dans le Mastère spécialisés «  Développement des systèmes spatiaux  » (Polytech Montpellier). Par ailleurs, «  nous formons des cadres et des techniciens d’agences spatiales étrangères. Ils viennent ici pendant un an, pour faire un ou plusieurs satellites chez nous  », détaille Laurent Dusseau.
Le CSUM permet aussi de former des compétences pour les mécènes de la FVA (sur une quarantaine, 60 % sont basés en Occitanie), confrontés à des problématiques de recrutements. «  Cet obstacle peut être un verrou pour de nombreux projets. Nous envoyons à nos mécènes des CV d’étudiants, des ingénieurs ayant déjà participé à des lancements de nanosatellites, dotés d’un savoir et d’un savoir-faire. Notre structure a une double-dimension, entre capacité industrielle et forte vocation de formation  », confie Laurent Dusseau à Occitanie News.
Implantés dans un bâtiment de plus de 2.000 m2 sur le campus Saint-Priest (campus ingénierie de l’Université de Montpellier), avec 200 m2 de salles propres et un grand centre de contrôle, le CSUM et la FVA reçoivent le soutien de la Région Occitanie, qui contribue à l’achat d’équipements, comme le pot vibrant ou l’enceinte vide thermique. «  Cette maîtrise totale nous permet d’atteindre un taux de réussite de 100 % alors que le taux de succès des CubeSats est inférieur à 15 %  », glisse Laurent Dusseau.
Le budget du CSUM, qui oscille entre 1,5 M€ et 2 M€ par an, est alimenté par la FVA (40 %), et les contrats industriels et l’export.
Prochain projet de nanosatellite, en lien avec le CEFREM (Université de Perpignan et CNRS)  : la détection des plastiques en Méditerranée.