
Au total, la biotech montpelliéraine aura mobilisé en 2024 environ 40 millions d’euros, en incluant notamment 4,2 millions de Bpifrance et 3 millions décrochés auprès d’Aris Occitanie, SUD PME Croissance ou Sofilaro.
Crédits : ©Cilcare
Créée en 2014 à Montpellier, Cilcare, spécialiste des pathologies auditives, connaît un virage dans son développement. La biotech vient de lever 21 millions d’euros auprès de plusieurs investisseurs internationaux avec un cap clair : la conquête du marché américain. Cette stratégie est passée par l’implantation d’une filiale, à Boston, sur la côte ouest des Etats-Unis, en 2017. « Lorsque l’on ne va pas sur place, il y a toujours une entreprise américaine prête à prendre le marché. Créer une société américaine, ce n’est pas du tout la même approche que d’implanter une entreprise française outre-Atlantique. De plus, le marché américain représente 70 % du marché mondial », déclare Célia Belline, PDG et cofondatrice de Cilcare, aux côtés de Sylvie Cosnier-Pucheu et Marie-Pierre Pasdelou.
Concrètement, ces fonds vont permettre à Cilcare d’accélérer le développement clinique de son candidat-médicament CIL001, pour traiter la synaptopathie cochléaire - stade précoce de la perte d’audition liée à l’âge – ainsi que ses conséquences : difficulté à entendre dans le bruit, acouphènes, hyperacousie.
Utilisation de l’IA
La technologie de Cilcare veut objectiver l’efficacité des traitements, en combinant une plateforme de R&D, un portefeuille de candidats-médicaments et l’utilisation de l’IA pour identifier les pertes d’audition. A terme, l’idée est de créer un outil de détection précoce des troubles auditifs. « Pour l’instant, les critères médicaux sont subjectifs. Si je vulgarise, on demande juste au patient s’il entend mieux qu’avant, et ce n’est pas assez précis quand on sait l’impact que peut avoir la fatigue sur ces tests », observe l’ancienne cadre de Sanofi.
Administrée par injection, la molécule développée par Cilcare est déposée au niveau de la « fenêtre ronde », ouverture entre l’oreille moyenne et interne, avant de se diffuser dans la cochlée, zone où se trouvent les terminaisons nerveuses. Le traitement agit sur la repousse des fibres et la reconnexion des synapses qui relient chaque cellule ciliée interne au nerf auditif.
Enjeu de santé publique
La technologie développée par Cilcare présente une rupture avec l’approche classique des troubles auditifs, souvent confinés à des problèmes héréditaires et à un marché de niche. « La synaptopathie cochléaire touche au moins 15 % de la population mondiale et est reconnue comme un enjeu majeur de santé publique. Entre les visioconférences, les casques et les écouteurs, les jeunes générations sont hyperconnectées. D’après l’OMS, un milliard de jeunes sont à risque en termes auditifs », souligne Célia Belline, par ailleurs conseillère du commerce extérieur de la France.
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