Les portraits

Bertrand Gourdou, pour un vin à impact et radicalement engagé

Producteur de vin bio, le Château Guilhem réduit son impact carbone en repensant totalement le packaging de ses bouteilles, 100% éco-responsable et 100 % issu d’Occitanie. Installé en agriculture biologique depuis 2007, le vigneron indépendant détaille comment il réduit son impact écologique grâce à une réflexion sur l’ensemble du cycle de vie du produit et à une nouvelle politique d’achats responsables.

Comment est née l’initiative d’un packaging avec un impact carbone le plus réduit possible ?

Je suis à la tête du domaine familial situé à Malviès dans l’Aude depuis 2004 et installé en agriculture biologique depuis 2007. Peu à peu j’ai remplacé les pesticides, herbicides et fongicides par l’utilisation de produits naturels. Comme le vignoble est situé près du massif de la Malepère, zone classée NATURA 2 000, nous nous sommes engagés pour la préservation de la biodiversité : rangs de vigne enherbés naturels pour préserver les espèces végétales endémiques, nichoirs pour les chauves-souris et prédatrices naturelles des insectes volants, etc. En 2019, nous avons aussi replanté des haies entre les parcelles de vignes, afin de fixer flore et faune et de protéger la vigne du vent. Nous avons fait tout ce qui nous était possible ! Du moins je le pensais, jusqu’à ce qu’en 2021 je prenne conscience qu’il y avait encore beaucoup à faire sur la bouteille elle-même, sur le packaging et la logistique. Pour des raisons environnementales et aussi face à l’inflation notamment sur le verre et le papier, nous avons complètement revu notre politique d’achat et de choix de prestataires. Avec des matériaux entièrement recyclés et recyclables, Château Guilhem collabore maintenant avec des entreprises situées dans un rayon de 100 km autour du domaine.

En quoi le packaging est éco-responsable ?

Tout ce qui concerne la bouteille elle-même et la logistique a été entièrement repensé. Les bouteilles qui pesaient lourd (650 g) ont fait l’objet d’une attention particulière. Aujourd’hui, elles sont produites non plus en Italie mais à la verrerie de Béziers et pèsent 425 g, ce qui a des effets positifs sur le poids des palettes et sur le bilan carbone. La capsule de surbouchage en plastique et aluminium a tout simplement été supprimée ce qui évite de produire des déchets et d’utiliser moins d’étiquettes. En effet, le millésime étant inscrit directement sur le bouchon, nous pouvons utiliser d’une année sur l’autre les mêmes lots d’étiquettes. Celles-ci sont issues d’une imprimerie basée à Montréal d’Aude - à 15 kilomètres – et qui utilise des papiers entièrement recyclés et français issus de forêts éco-responsables, avec des colles végétales biodégradables. Les bouchons sont en liège naturel et sont confectionnés à Portet-sur-Garonne. Quant au carton, il a aussi fait l’objet d’une refonte complète. Tout d’abord il est à base de papier 100% français, recyclé, imprimé avec des encres sans solvant chimique et transformé à Lézignan-Corbières. De plus, il a un fond auto-fermable permettant de n’utiliser d’adhésif que sur une seule face. Cela représente une économie de 42 kilomètres de scotch !

En lançant cette gamme avez-vous le sentiment d’être engagé dans une démarche radicale ?

Oui, on peut dire qu’il s’agit d’écoception radicale dans le sens où l’on a une réflexion à la fois sociétale, économique et environnementale. Notre démarche a d’ailleurs été saluée par le Prix de l’innovation marketing pour « l’écoconception radicale » lors du salon Sitevi de Montpellier fin 2023. Je me vois comme un entrepreneur responsable et je dois dire que toute cette démarche a eu des effets très positifs aussi sur l’équipe. Ces nouvelles perspectives et le sens donné à notre travail nous procurent une vraie fierté.