Sylvie RIEBEL

Mon expérience du sensible passe d’abord par le regard. Depuis toujours je regarde autour de moi. Je ramasse, je collecte, j’assemble, j’éprouve un besoin impérieux d’embellir. Je rêve de et par les objets, les fragments, les détails. Je recompose. Je pioche dans ma mémoire visuelle tout un répertoire de formes et de couleurs.
Mon travail de création cherche l’équilibre entre ce que j’ai appris et ce que je ne sais pas.
J’invente aujourd’hui mon propre langage, entre technique et spontanéité, plaçant le corps au centre de mon processus créatif. Si c’est la peinture qui en est la colonne vertébrale, j’ai la tentation du volume et j’explore d’autres pistes.
Je travaille par assemblage, juxtaposition, ajout et soustraction. J’attends de saisir une ambiance, une atmosphère. Je suis avant tout une coloriste. Bien plus que le dire de la peinture, ce sont les relations (bonnes et mauvaises) des couleurs entre elles qui m’intéressent. Figuration ou abstraction, ce n’est pas un sujet pour moi, je n’ai pas à choisir.
J’aime à rencontrer l’étrange, le frottement, le mal aimable, la sauvagerie. Je cherche à supprimer le séduisant, le confortable. J’aime l’idée de la tension dans l’œil du regardeur, qu’il reste sur ses gardes. Mes peintures n’ont pas de titre. J’aime introduire du doute. Pas d’espace, de temps, pas d’expression ou de genre définis. Pas de perspective ou de réalité d’échelle. La peinture comme surface de projections pour celui qui la regarde.